Il est souvent cru par nos concitoyens que l’engagement politique constitue une sorte de stratégie de carrière personnelle, exclusivement orientée sur l’ambition et la satisfaction de soi-même. Heureusement, il en est tout autrement. Pour ma part, je me suis engagé en politique la 1ère fois en 1983, à la demande d’Hubert Crespy qui constituait une liste aux municipales. En 1985, aux cantonales, personne ne voulait se présenter contre Pierre Mauger, conseiller sortant, lequel venait d’être réélu triomphalement à la mairie. Je n’ai pas eu à m’imposer, on m’a forcé la main pour que j’y aille. J’ai été élu au 1er tour, par chance. En 1989, on m’a bombardé d’office candidat aux municipales. Et nous l’avons aussi emporté. En 1992, je me suis présenté au Sénat, car j’étais convaincu, et je le suis toujours, que le Maire de la ville Chef-lieu doit pouvoir exercer une influence à Paris, où tout se décide. J’y ai été élu. Mais il m’a fallu démissionner du Conseil Général. Appelé au Gouvernement en mai 2002, j’apprends 15 jours après qu’il nous faut démissionner de mon mandat de Maire. Ce que je m’oblige à faire, sous la contrainte, alors que la loi ne l’imposait nullement.

En Octobre 2003, soit 9 ans après mon départ du Conseil Général, le Président du Conseil Général Gérard Burel me rend visite à Bercy, où j’exerçais les fonctions de Ministre du Budget pour me demander d’être candidat aux élections cantonales de mars 2004, afin de lui succéder 3 ans après. Il considère qu’il est de l’intérêt du département d’être présidé par un élu ayant fait son trou à Paris. Réticent, j’accepte cependant. Conscient que le retour ne serait pas simple doublement. Solliciter un mandat qu’on a abandonné n’est jamais facile à expliquer. Et une candidature locale quand on est au gouvernement est casse-gueule. La guillotine passe d’ailleurs tout près, car je manque de me faire battre de 25 voix.

Si je raconte cette histoire, c’est pour expliquer que dans les enchaînements qui précèdent, il n’y a guère que ma candidature au Sénat en 1992 que j’ai vraiment voulue. Les autres étaient des réponses à une demande insistante de mon entourage. Très engagé dans ma vie professionnelle, je n’ai jamais considéré la politique comme un métier. Et me suis bien gardé d’en dépendre. En décembre 2007, j’ai succédé à Gérard Burel, à la Présidence du Conseil Général, sur sa proposition. Il est évident que sans son soutien et son engagement absolu à mes côtés, je n’aurais eu aucune chance d’être élu.

Et c’est l’objet du présent billet, rédigé des années après cette date, pour souligner combien les fonctions d’Exécutif de collectivités aussi difficiles à exercer nécessitent une préparation, un mentorat, un accompagnement. On ne s’improvise pas Président. Si on a pas été sollicité, on ne se présente même pas. Seuls ceux qui ont exercé la fonction savent ceux qui ont les qualités et l’expérience requises pour exercer la mission. Si j’insiste, c’est pour faire la part entre l’ambition et le réel. L’ambition est une qualité. Elle confère une envie, une énergie. Mais elle ne suffit pas. Elle soit s’accompagner d’humilité et d’une conscience forte de la difficulté du réel et de l’extrême précaution qu’il faut prendre pour le conduire et non le subir.

Je vénère la mémoire de Gérard Burel car il m’a mis le pied à l’étier, il m’a accompagné, appris, transmis ce que les nombreuses années de mandat lui avaient enseigné. J’espère que, là où il est, il n’est pas déçu. Je fais de mon mieux pour qu’il en soit ainsi.

Vous trouverez des photos prises de ce moment d’excellence du 30 Octobre 2003 à Bercy qu’il avait partagé avec bonheur.