Par Hubert Haenel, Sénateur, Président de la Délégation pour l’Union Européenne.

I – NE PAS METTRE EN VEILLEUSE L’IDEE EUROPEENNE Le succès du « non » n’exprime pas un rejet de l’idée européenne, mais plutôt une inquiétude quant aux perspectives de la construction européenne dans le domaine économique et social.
La juste réponse ne peut donc être de reléguer les questions européennes à l’arrière plan, encore moins de laisser apparaître l’Europe comme un obstacle au redressement économique ou au progrès social.
Le discours sur l’Europe doit donc être offensif : Constitution ou pas, l’Union demeure le cadre où s’organise l’avenir. En même temps, la France est en droit de demander un examen de conscience à l’échelon européen : n’a t on pas trop privilégié les questions institutionnelles, en négligeant de renforcer la légitimité de la construction européenne par des réalisations économiques, sociales, culturelles répondant aux attentes des citoyens ? Une relance européenne passe sans doute par des engagements sur des projets précis, cohérents avec la priorité accordée à l’emploi.

II – TIRER LES CONSEQUENCES SUR LE FONCTIONNEMENT DE L’ÉTAT L’Union gère notre monnaie, nos relations commerciales, assure le bon fonctionnement du marché où évoluent nos entreprises ; elle inspire la majeure partie de notre droit, oriente de nombreuses politiques nationales, encadre les politiques économique et budgétaire : bref, la construction européenne est d’ores et déjà au coeur de la vie nationale. Il faut la mettre aussi au coeur de notre vie politique et administrative si nous voulons retrouver les bases d’une démocratie authentique.
Le fonctionnement de l’État doit être revu dans cette optique. La décision a été prise, cet été, de réunir chaque mois un comité interministériel consacré à l’Europe. C’est un progrès. Mais il faut davantage : il faut que chaque ministère s’imprègne de la dimension européenne, de sorte qu’une chaîne cohérente relie les administrations à nos négociateurs. Et il faut également que les priorités arrêtées en commun à l’échelon européen soient aussi celles du Gouvernement à l’échelon national, sinon les deux niveaux perdent leur crédibilité.
Le fonctionnement du Parlement doit également être réexaminé sous cet angle : l’Europe ne doit plus être le parent pauvre des activités parlementaires, qu’il s’agisse de législation – nos retards dans la transposition des directives dont devenus une habitude – ou de contrôle.
Enfin, l’objectif d’une présence française mieux organisée auprès des institutions européennes doit être plus que jamais conservé si nous voulons reconquérir notre influence.