Le Parlement canadien a voté, hier, une motion de censure qualifiée d’historique, car motivée par « l’outrage au Parlement » reproché au gouvernement. C’est une première dans l’histoire du parlementarisme britannique, dont le modèle canadien est issu.

Pour justifier une telle accusation, il a été notamment invoqué le refus du gouvernement de livrer aux députés des informations précises. Les renseignements demandés concernaient le coût de son programme de lutte contre la criminalité, d’achat d’avions de chasse et d’exonérations d’impôts offertes aux entreprises.

Quels que soient les motifs invoqués, développés dans cet article, la vraie question est de savoir s’il s’agit d’un réveil des Parlements. Cette motion de censure est peut-être une première alerte adressée aux gouvernements, une manière de leur rappeler une exigence démocratique fondamentale : celle de rendre compte aux peuples comme à leurs représentants de leurs décisions, des résultats obtenus et de l’usage fait des lourds prélèvements effectués sur le fruit de leur travail.

La globalisation, l’interdépendance continentale ou mondiale dans lesquelles sont inscrits tous les pays peuvent laisser croire aux gouvernements que leurs seuls partenaires sont leurs pairs dans les grands sommets internationaux. Ils oublient alors qu’ils sont, tout d’abord, les représentants de leurs peuples auxquels ils doivent veiller à rendre des comptes avec clarté, simplicité, transparence et humilité.

Cette première censure, au sein d’un système issu de Westminster, ne sonne-t-elle pas le glas du parlementarisme rationalisé ? Lequel a tellement caporalisé la représentation nationale que les peuples envahissent aujourd’hui plus facilement les rues que les urnes pour faire valoir leur avis.
Cela donne à réfléchir. Qu’en pensez-vous ?

Alain Lambert

Ancien Président de France-Canada.