Cette expression communément utilisée par les jeunes convient parfaitement à mon état d’esprit, à propos des élections municipales d’Alençon.

J’ai donné mon sentiment à la télévision en octobre dernier, ainsi qu’en témoigne la vidéo jointe, je n’ai rien à y ajouter. Je ne souhaite pas ternir par des considérations électorales la belle histoire qui m’unit à ma ville d’Alençon, depuis tant d’années, et que je n’ai aucune envie de voir souillée par des parti-pris électoraux dans lesquels je n’ai plus ma place, puisque je m’en suis retiré, il y a plusieurs années, par ma propre volonté.

Je suis né à Alençon et j’ai depuis longtemps choisi d’y fixer, le moment venu, ma dernière demeure. J’ai été Maire pendant 13 ans et Président de l’intercommunalité pendant 17 ans. A ma connaissance aucun élu n’a exercé ces fonctions plus longtemps. A raison de l’âge des acteurs en présence, il est probable que ce ne sera plus le cas avant un quart de siècle, au mieux. Je ne vois donc pas à quelle obligation j’aurais manqué. Comme Maire honoraire, je m’applique à être digne de cette distinction.

Bien au contraire, je suis toujours touché quand nos concitoyens me témoignent, à chaque rencontre, de leur fidélité au regard du redressement financier, de la réhabilitation exceptionnelle du patrimoine, de la création de la Communauté Urbaine qui ont été réalisés durant mes mandats. J’ai quitté la fonction de Maire quand j’ai été appelé au Gouvernement. On a fait alors obligation aux Ministres de quitter leurs fonctions municipales, sans les avoir prévenu avant. J’avais promis à ma successeure que je ne demanderai pas à retrouver mes fonctions à la sortie, j’ai tenu parole. En quittant celle de Président de la CUA, j’avais promis de revenir, ce que j’ai fait. Je lis ici où là, que je fuirais les candidatures électorales difficiles. Voilà  qui est original. Le Conseil Général en 1985, la Mairie en 1989, c’était facile ? Et les cantonales en 2004 pour reconquérir le canton conquis en 1985 et repassé à gauche ensuite, c’était encore facile ?  L’emporter avec seulement 27 voix d’écart, alors que j’étais membre du gouvernement et que je n’avais jamais été autant en mesure d’apporter à mon territoire, c’était le signe d’une promenade de santé ?

Lorsque le canton de Putanges s’est libéré, par le plus grand des hasards, il était légitime et même responsable pour un Président de Conseil Général en exercice, et en charge du bateau départemental en plein tempête financière, de s’y présenter pour assurer la stabilité de la gouvernance du département. Selon ce qu’ils me disent, les habitants de Putanges ne semblent pas regretter leurs suffrages. Un collège tout neuf, une maison de retraite attendue depuis 30 ans, le tout en 4 ans. Qui s’en plaint ? Ai-je pour autant manqué d’attention pour Alençon ? Le Conseil Général, dans ses compétences, a fait en sorte que la nouvelle maison de retraite Charles Aveline soit reconstruite, il a participé financièrement à la réalisation d’Anova, il est aujourd’hui avec la ville, la Région et l’Etat, aux côtés des salariés de Carrier.

Oui, je suis fier des 30 années consacrées à ma ville de naissance et je n’ai pas peur du jugement de l’histoire. Je m’accommode de celui que je lis parfois. Mais seule m’importe la relation de confiance et de fidélité qui m’unit à Alençon, son agglomération et ses habitants.

Si je ne souhaite pas m’immiscer davantage dans les opérations électorales, c’est précisément parce que je veux pouvoir aller et venir en ville, saluer les personnes que je connais, échanger une poignée de mains chaleureuse sans qu’on puisse me soupçonner d’être guidé par des intentions électoralistes. Cela souillerait, oui, la belle relation que nous avons nouée. Elle était née à l’origine professionnellement, elle s’est amplifiée ensuite dans la vie publique, puis elle se poursuit dans une amitié simple, fidèle, sincère, chaleureuse, débarrassée de toute arrière-pensée partisane. Ce qui me fait immensément plaisir, c’est d’avoir retrouvé désormais dans ma ville une vie privée, au milieu de mes concitoyens, sans que l’on me colle, à tous prix, une étiquette politique.

Cela ne m’empêche aucunement d’avoir mes opinions, chacun les connait, elle n’ont jamais changé. Comme disait Churchill, « certains changent d’idées pour ne pas changer de parti, d’autres préfèrent changer de parti pour ne pas changer d’idées ». C’est mon cas.

J’ai donné beaucoup de mon temps, de mes forces, de ma santé, de ma vie pour Alençon, je sais gré aux Alençonnais nombreux qui me laissent tranquille avec la politique locale et me permette de savourer au milieu d’eux la vie paisible d’un simple citoyen dans sa ville.