Michel Sapin nous promet, dans Le Monde de ce soir, que « nous serons sous les 3% de déficit en 2017 ». Je réponds « chiche ! » en forme de défi. Dont je souhaite la réalisation de tout mon cœur. Sauf qu’on nous le promet depuis tellement longtemps qu’il devient difficile d’y croire. Il nous livre quelques informations importantes : aucune hausse d’impôts ne sera décidée à partir de 2015 ; le déficit sera ramené en 2015 à 4,1% au lieu de 4,3% prévus dans le programme des stabilité et la loi de programmation dont l’encre n’est pas encore sèche ; et nous serons LARGEMENT en dessous des 3% en 2017.

Afin que nous soyons assurés de nous être bien compris, j’ai griffonné sur le coin de mon bureau, une trajectoire tenant compte de ces informations. Je l’ai renseignée en valeur nominale afin que chaque lecteur, chaque électeur, chaque contribuable, chaque citoyen puisse vérifier, année après année, le respect de cette feuille de route, dans la monnaie qu’il a dans sa poche, et non pas en points de PIB. Bien évidemment, si mon griffonnage est erroné, je serai totalement ravi de le corriger, sous la dictée des collaborateurs du Ministre.
J’imagine également que la presse friande d’informer nos concitoyens sur l’évolution de leurs finances publiques ne manquera pas de documenter, détailler, expliquer tous les éléments de cette mise au point salutaire pour la démocratie budgétaire.

Sauf erreur dans les calculs, je note déjà que de sérieux changements sont à enregistrer par rapport au programme de stabilité adressé à Bruxelles, en avril dernier, et même à la loi de programmation actuellement devant le Parlement.

Ainsi, par rapport au programme de stabilité : – en dépenses dès 2015, la réduction est de 40 milliards d’euros, et de 60 milliards pour 2016 ; – en recettes, dès 2015 la prévision est inférieure de 50 milliards, et de 80 milliards pour 2016 ; – en solde, en 2015, le déficit serait supérieur à celui du programme de 21 milliards, et 34 pour 2016 ; – en dette, en 2015 la prévision est inférieure de 50 milliards, et de 57 milliards en 2016. Ces différences donnent le tournis. Les dépenses pour 2017 inférieures à celles de 2016 sont un miracle. À dire vrai, seules les dépenses pour 2016 me semblent réalistes. On voit mal comment les recettes pourraient progresser grâce à la seule base, puisque les impôts sont annoncés comme ne devant plus augmenter. Quant au déficit, en nominal, il ne baisse que de 5 milliards par an, sauf en 2017, où miracle il double l’effort. On m’objectera naturellement que tous les chiffres sont erronés. Pas de problème. Ce qui m’intéresse c’est d’avoir les vrais. Ceux que l’on nous donne jamais. Ceux qui sont douillettement enveloppés pour ne pas dire soigneusement dissimulés dans un magnifique ratio de PIB auquel personne ne comprend rien.

J’attends maintenant avec impatience les corrections à ma trajectoire car on connaîtra enfin les prévisions du Gouvernement et on pourra dire au Ministre : Chiche pour 2017 ! Année électorale, je crois me souvenir.

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