La politique n’est pas un métier. C’est un engagement au service de la collectivité. Comme, selon Molière dans l’Avare, « il ne faut pas vivre pour manger », il ne faut pas davantage faire de la politique pour en vivre. Il faut avoir un métier pour nourrir sa famille et faire de la politique pour servir l’intérêt général. J’insiste sur ce point, car je sors d’une élection à risque et, curieusement, on ne m’a parlé que de moi, des risques bravés que je prenais, et jamais de mon département, de mes concitoyens, de leurs intérêts à eux ! Curieux, non ? La communication qui entoure la politique devient indigente et dangereuse pour la démocratie. Elle semble être confondue avec la gestion de fief et de patrimoine.

Personnellement, je suis fier de m’être engagé, il y a plusieurs décennies. J’ai été élu au Conseil Général, il y a juste 30 ans, sur un canton de gauche, en battant le maire socialiste d’Alençon, fort honorable par ailleurs, et dont je revendique une grande amitié qui m’a ensuite uni à lui jusqu’à son décès. Frappé par le cumul des mandats, j’ai démissionné de cette assemblée, et j’y suis revenu plus tard, à la demande de mon prédécesseur, en 2004, alors que j’étais au Gouvernement, le canton étant retombé entre deux dans l’escarcelle de la gauche, et j’ai été élu avec 27 voix d’avance simplement. Après un mandat heureux et fécond à la campagne, à Putanges, en Suisse Normande, je suis revenu dans l’agglomération d’Alençon, sur un canton tenu par la gauche depuis 25 ans. Nous y sommes élus ce soir, avec mon excellente binôme Sophie Douvry, avec 67 voix d’avance. Une certaine presse me dit que la victoire n’est pas assez belle. J’ai plus que doublé mon avance en dix ans ! D’un canton de droite, je suis venu me présenter sur un canton de gauche et avec Sophie nous avons gagné ! De quoi se plaint on ? De quoi devons-nous nous excuser ? A moins que l’on n’ose tout simplement nous reprocher de nous être présentés sur un canton de gauche.

J’en conclus que pour certains, la politique s’apparente à la gestion d’une rente, à la conservation du même fief toute sa vie. Pour ma part, je réfute cette vision des choses. La politique est un combat pacifique pour des idées, dans le respect de toutes les opinions contraires. Elle est une prise de risque permanente, et, ce soir, je suis fier, d’avoir fait vivre ce débat et d’avoir modestement contribué à l’élection d’une jeune femme de moins de 40 ans qui appartient à la génération qui va nous succéder et sculpter le futur selon ses choix. Je suis heureux d’avoir contribué à lancer la reconquête de l’agglomération d’Alençon à laquelle j’ai consacré tant d’années de ma vie.

Pour ma part, je me sens aussi jeune et gourmand du futur qu’il y a 30 ans. Et je regrette de constater tant de frilosité, tant de vision conservatrice de la politique, tant de conception fripée de la réalité que vivent nos concitoyens.

Nous avons frappé à 2.000 portes au cours de cette campagne, vous le croirez si vous voulez, mais on ne nous a jamais posé une seule question correspondant à celles revenant en boucle sur les plateaux de télévision. Ce décalage pose vraiment question. Le FN a encore de beaux jours devant lui.

Enfin, j’ai eu à connaitre, pour la 1ère fois en 30 ans, la pire ignominie : une distribution de tracts diffamatoires par des individus descendant de Paris, ne parlant même pas français. Espérons que ces individus sont soumis au droit du travail, qu’ils paient la TVA, et qu’ils déclarent leurs revenus. Si le fisc ou l’inspection du travail souhaitent connaitre le numéro minéralogique de leurs voitures, je les tiens à leur disposition.

Comme disait le célèbre Georges Marchais, la politique est un combat ! Je ne suis pas prêt du tout à rendre les armes ! Et ce qu’on m’a fait vivre ces dernières semaines m’incline plutôt à ne rien céder. Bien au contraire.

A demain.