On pouvait s’y attendre. Le thème de la 2ème journée Gérard Burel, intitulé « les églises demain entre usage partagé et reconversion », n’a pas manqué de susciter les débats. Poser la question de l’usage des églises était audacieux, mais c’est le principe des journées Gérard Burel, dont l’édition de jeudi a connu un fort succès avec plus de 150 participants.

Animé par des experts nationaux de premier plan, ce colloque s’est déroulé dans le respect et l’écoute des partis pris différents. Le tourisme religieux est un des axes du projet pour l’Orne. Mais son développement passe par des églises entretenues et ouvertes. Malheureusement, pour diverses raisons (cambriolages, manque de paroissiens et de prêtres) les églises sont le plus souvent fermées. Beaucoup d’entre elles dans nos campagnes ouvrent pour le culte une fois par an. Malgré tout, l’église représente un élément fédérateur de l’identité de notre territoire rural. Et sa rénovation constitue un point important dans la commune. Et dans ce domaine, le soutien du Département est très fort.

Mais que fait-on de ces églises entretenues à prix élevés et si peu utilisées ? Si la question dérange, elle ne doit pas être occultée. On peut légitimement s’interroger sur des projets qui peuvent guider une restauration pour éviter des choix douloureux à faire ensuite dans l’urgence. L’affectation cultuelle exclusive des églises-centres des paroisses qui accueillent régulièrement des célébrations ne fait pas débat. Pour d’autres, au regard de l’effort financier consenti pour leur restauration, l’aspiration à une utilisation plus fréquente est forte. Toute la question est de circonscrire les usages appropriés.

Ce colloque a été l’occasion pour les spécialistes et les amoureux des églises et chapelles de discuter à cœur ouvert et sans tabou de l’usage partagé des églises.

Pour ma part, je pense qu’il existe une voie possible à explorer d’usage partagé pour certaines églises dès lors que nous voudrions faire vivre un droit canon assoupli, comme nous le faisons chaque jour pour le droit profane. Naturellement les applications souples de tous les droits peuvent toujours donner lieu à des abus ou à des excès. Il revient alors aux autorités légitimes de remettre, si j’ose dire, l’église au milieu du village. En l’espèce l’Autorité incontestée est l’Evêque diocésain comme le qualifie le code, et ensuite le Maire et son conseil municipal dans le cadre des relations posées par la loi de 1907.

Il est apparu, au cours des débats, une divergence juridique d’appréciation. Les Evêques de France estiment qu’il leur est demandé une « affectation » mixte, alors que nous n’avons jamais sollicité « d’affectation » car il ne peut y avoir qu’un seul affectataire, c’est-à-dire l’Evêque. En revanche, nous souhaitons que la voie d’un « usage » partagé soit examinée. Selon moi, ce sont deux notions très différentes, une « affectation » est la mise à disposition d’un affectataire, alors que « l’usage » est l’utilisation qui peut en être faite, soit à titre sacré ou à titre profane. En confondant les deux notions « d’affectation » et « d’usage » on ferme tout dialogue possible sur d’autres usages culturels ou autre. Je souhaite par ma part clarifier cette question restée sans réponse claire.

Actuellement dans l’Orne, on recense 558 églises propriétés communales. La question de leur avenir est posée. Le Conseil Départemental est engagé dans un travail de recherche scientifique, juridique, logistique pour aider, là où c’est nécessaire, à une adaptation des lieux sacrés pour assurer leur protection, leur offrir la garantie d’un usage qui ne soit pas inconvenant, ni totalement contraire à leur vocation première. Cette démarche n’est-elle pas au final une chance pour encourager les fidèles non pratiquants à retrouver le chemin de leur église.

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