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À titre exceptionnel, à raison du traitement puissant et fatigant que je suis actuellement, j’ai cependant accepté d’être l’invité de l’émission « Dimanche en politique » ce midi.  Je refuse souvent ce type d’émission. C’était toutefois une excellente opportunité pour vous rendre visite à vos domiciles, sur vos écrans, et ainsi pouvoir m’adresser à chacun de vous de manière directe, puisque la maladie m’a éloigné de vous, ces deniers temps.

Cette émission, étant pré-enregistrée avant sa diffusion, j’ai eu le temps d’y réfléchir depuis ;

Pour être sincère, elle est passée trop rapidement, car les sujets défilent très vite, on saute du coq à l’âne en permanence, et c’est difficile d’articuler une explication, pour éclairer des sujets d’une importance majeure. On passe d’un clip de rap au terrorisme. Bref, c’est une gymnastique plus difficile qu’une émission nationale souvent plus cadrée, avec beaucoup moins de thèmes.

 Voici aussi la vidéo de l’émission que je vous invite à regarder :

La parole fut libre et sans détours : j’aurais aimé pouvoir plus vanter les atouts de l’Orne, son projet d’innovation territoriale, et son futur prometteur au sein de la grande Normandie. Je reste toujours étonné par la vision erronée que peut avoir la presse régionale des départements les moins peuplés, comme l’Orne. Une forme de suffisance régionale semble transpirer dans toutes les questions, alors que nos capitales régionales en France sont des lilliputiennes. J’aurais aimé aussi parler de la ruralité, de ses angoisses, de la proximité si mal traitée par l’Etat central.  De notre capacité à nous réinventer, notion étrangère aux administrations centrales.

Ces sujets sont trop importants pour être galvaudés. Compte-tenu des réponses très lapidaires auxquelles j’étais condamné, bien malgré moi, voici quelques compléments d’informations que j’avais préparés et qui sont restés au fond de ma mémoire.

Pourquoi avoir accepté l’émission malgré son état de santé : Le Président Lambert a accepté l’invitation par souhait de transparence sur sa santé. Au sens de rendre compte, sans mélanger vie privée et vie publique,  il a été confronté à une pneumonie violente, il a un traitement lourd, long et fatigant. Il lutte, il vaincra la maladie et se sent en santé pour exercer ses fonctions. En démocratie, les électeurs ont le droit de savoir. Comme il ne peut pas participer à des réunions publiques, cette émission de télévision lui offre l’occasion de rendre visite aux Ornais.

Pourquoi changer de candidats en politique ?Une précision souvent oubliée : A. Juppé ne pouvait pas être candidat en 2007, il rentrait à peine du Québec où il avait passé 2 ans, pour effacer tous les péchés de la droite. La gauche ayant eu son propre lot. En 2007, N. Sarkozy était le meilleur candidat. Le Président Lambert était fasciné par son énergie. Il a été porte-parole de sa campagne sur les sujets financiers et fiscaux. Il en est sorti exténué, tant la communication l’emportait sur le réel. Malgré tout, il a été déçu par son quinquennat, plutôt d’ailleurs par ses aspects comportementaux que politiques. Il n’a jamais été déçu de ne pas être son ministre, cela n’aurait pas duré 15 jours. A l’époque, c’est la Présidence du Sénat qu’il visait.

Dès 2010, sur RTL, il avait recommandé que ce soit A. Juppé qui soit candidat en 2012. On l’avait sanctionné.

En 2012, il a construit avec Jean Peyrelevade la totalité du programme de finances publiques de F. Bayrou. C’était le seul programme sincère, c’est vérifiable, car il a été traduit en graphique comparé avec ceux des deux candidats du 2ème tour N. Sarkozy et F. Hollande. Les 2 s’étaient lourdement trompés dans leurs prévisions.

Le regard sur la politique contemporaine : La politique traverse une crise grave qui  menace la démocratie. Elle n’attire plus les talents. Minée par les mensonges préélectoraux,  les campagnes dérivent en enchères à l’américaine avec des promesses folles. Mais le débat de jeudi soir a été raisonnable. N’oublions jamais la fragilité des démocraties vautrées dans l’ivresse de la démagogie. N’oublions jamais la déroute, en moins de 6 semaines (entre le 10 mai et le 22 juin 1940) de la France et de son armée, considérée alors comme la meilleure du monde, et qui a déclenché l’effondrement de l’Europe, dans une monstrueuse tragédie, entraînant la guerre la plus meurtrière de l’histoire avec 60 millions de morts. Voilà pourquoi, il ne faut pas se tromper de Président ! 

La question du RSA : Le contribuable local est au maximum de ce que l’on peut lui demander. Dans l’Orne le seul taux voté n’a pas été relevé depuis 21 ans ! Nous sommes au taquet. C’est l’échelon national qui doit prendre en charge la dérive du RSA. Par lâcheté et démagogie des gouvernements qui le laissent dériver, laissent la facture à payer aux départements. Cela s’appelle de la cavalerie budgétaire. Le RSA est une dépense de la France. Et pas des départements. L’imputer dans les comptes des Conseils Départementaux ne change rien au déficit. « Le prescripteur doit être le payeur ». L’Etat se complait à prescrire toujours plus. S’il veut prescrire plus qu’il paie !

L’Orne enclavée ? L’Orne n’a qu’une faiblesse, mais elle est de taille, c’est sa démographie. Elle compte une population insuffisante pour l’étendue de son vaste territoire, plus âgée que la moyenne, avec une difficulté sur la strate de 18-25 ans. C’est une période de la vie où les ménages se fixent.

Le département est très accessible. D’Alençon, on va plus vite à Paris, Bruxelles, Amsterdam, Cologne, que de Caen ! Depuis 10 ans, 100 kms d’autoroute ont été construits (A28 / A 88).

Le réseau routier est désenclavé

Désenclavement par rapport à qui ou à quoi, à Caen ? à Paris ?

  • Caen est plus enclavé qu’Alençon
  • S’il y avait enclavement par rapport à Caen, n’êtes-vous pas troublé par le fait que pour aller de Caen à Alençon, par l’autoroute, c’est gratuit dans la partie du calvados, et payant sur la partie ornaise. C’est cher, trop cher ! Et vous capitale régionale, vous nous dites que l’Orne est enclavé ? Mais vous vous moquez de nous, vous vivez au crochet des Ornais ! Le Président Lambert a une proposition à vous faire : mettre la totalité du tronçon payant, ce qui abaisserait le coût de 40 %. Qu’en pensez-vous ?
  • Il faut en fini avec les légendes qui propagent des situations totalement dépassées

Itinéraire Caen / Alençon : 103 km _ Alençon – Falaise : 67 km _ Falaise – Caen : 36 km – péage autoroute Alençon Falaise : 11 € 20

L’emploi et le chômage : L’emploi : L’Orne a beaucoup d’entreprises industrielles très performantes, souvent discrètes et nichées dans le rural profond. Elles travaillant pour Air-Bus, TGV, Aérospatiale, sur des technologies de pointe. Par tête d’habitant l’Orne est le département plus industriel de l’ancienne Basse-Normandie, près de 7 % de salariés de l’industrie. L’Orne dispose d’un site universitaire à taille humaine, de formations recherchées et en phase avec les besoins des acteurs économiques locaux.

Le chômage, l’Orne se trouve dans la moyenne au niveau de la Grande Normandie, au même niveau que le Calvados, avec 12,7% de chômage contre 14,8% en Seine Maritime, 11 % dans la Manche, 12,6 % dans le Calvados et 13,4 % dans l’Eure (Chiffres Insee 2013).

Le Haras du Pin : l’Etat a laissé décliner ce joyau ancré dans notre histoire. Le Département et la Région ont décidé de relever le défi et de réussir sa renaissance. Ils ont des projets pour le faire, et pensent trouver aussi l’argent pour le faire. Le vrai défi est administratif. Comment réparer un géant quand chaque atome de son corps est régi par des fonctionnaires différents ?

Les Services publics dans l’Orne : La proximité est la valeur la plus montante dans la société. La révolution numérique va tout balayer sur son passage. Ce sont les centres qui vont dépérir. La communication à distance en ligne va changer toute la donne.

Prenons quelques exemples concrets :

Exemple : Démographie Médicale : depuis plus de 10 ans le Conseil départemental s’engage, alors que cela relève de la compétence de l’Etat ! Il y avait urgence. Il y a moitié moins de médecins généralistes que la moyenne nationale, dont 25 % des médecins sont âgés de 65 ans et plus. Le Département favorise l’accueil et l’accompagnement des étudiants en médecine (logements, création d’une Maison des Internes sur Alençon, financement de PSLA et de maisons médicales, création d’une Maison de Santé Universitaire (MSPU), en partenariat avec la Fac de Médecine de de Caen et l’ARS).

Les transports : C’est d’abord éviter que l’Etat cesse de casser ce qui marche bien. Exemple : les transports scolaires bien gérés par les départements sont renvoyés aux régions. Casse-tête chinois. Pour la scolarité des enfants et le service aux familles, la proximité est essentielle, comme la desserte de chaque village. Le département se battra pour continuer à offrir aux collégiens ruraux les mêmes chances de réussite que leurs camarades urbains.

L’importance de la ruralité, il faut dénoncer le soutien exclusif au développement des espaces urbains et notamment des métropoles. La situation des territoires ruraux est la conséquence des choix politiques effectués par des technocrates qui manquent de bon sens, face aux enjeux territoriaux. Les nouvelles lois font la part belle aux grandes régions et aux grands pôles urbains, constitués en métropole, en mettant au pain sec et à l’eau les territoires ruraux.

C’est pourquoi le Département a lancé l’étude d’Orne Métropole visant à créer une métropole urbaine et rurale en associant les 280 000 habitants, tout en conservant leurs pouvoirs locaux, communes et CDC. Il faut laisser les collectivités s’entendre entre elles, sans relation de tutelle. La coopération s’effectue sur la base du volontariat. A cet effet une start-up territoriale sera créée.

L’Orne est-elle trop petite ? Le projet de l’Orne n’a jamais été d’être grand et puissant. Né petit, le Département s’est fixé d’être habile et stratège.

L’orne est championne des communes nouvelles :

Actuellement 24 communes nouvelles ont été créées dans le département et compte désormais 412 communes au lieu de 505, soit 117 communes regroupées en deux ans.

Le vote FN : Le vote du FN est devenu un vote de protestation. Agriculteurs, ruraux, personnes isolées, abandonnés par un Etat qui se retire dans les villes, comment s’étonner que les électeurs protestent. On retrouve aussi leurs suffrages dans le vote extrême gauche.

Pourquoi l’Etat ne fonctionne plus ? Nous sommes devenus un Etat passoire. Trop de droits et pas assez de devoirs, trop de normes, de bureaucratie. La France s’est enfermée dans une prison de papier qu’elle a construite elle-même et dans laquelle elle étouffe, elle se meurt. Et pour essayer de s’en sortir, elle en construit d’autres, c’est pathétique

L’avenir politique d’Alain Lambert ? Son avenir politique est dans la réussite de la transmission de ses fonctions et de ses projets qui restent nombreux pour le futur. Notaire pendant 35 ans, il sait les difficultés de réussir sa succession. Cela se prépare. C’est ce qu’il fait.