Le journal Ouest-France, en commentant mon billet posté hier, me donne l’occasion de poursuivre notre réflexion sur cet objet très nouveau qu’est la primaire. D’abord, pour souligner que ce n’était qu’une question de ma part et non une affirmation.  Mais aussi pour dire que mon soutien à Alain Juppé n’est pas en cause. Je reste fidèle à ma pensée qu’il a le meilleur profil pour le job. Mais il me semble ne servir à rien de se crever les yeux, de négliger de regarder lucidement les résultats. Les électeurs de dimanche dernier ont préféré nettement François Fillon, je crains qu’il soit vain de vouloir se convaincre du contraire, contre toute évidence.

4 millions de Français sont allés voter

Il reste cependant de nombreux motifs de satisfaction qui ne sont pas suffisamment mis en valeur dans la communication politique de cette semaine. Au lieu d’opposer les deux candidats arrivés en tête, commençons par nous réjouir du niveau de la participation. Quatre millions de votants se sont déplacés pour marquer leur volonté de participer à la construction du futur de notre Pays. En matière de vitalité démocratique, cette démarche comporte des mérites incontestables dont nous devrions nous réjouir davantage.

L’enjeu est la présidentielle et non la primaire

Sur l’opportunité ou non d’un second tour, la vraie question est de savoir si elle favorise les chances de la droite et du centre d’emporter la présidentielle. Avant d’être pour François Fillon ou Alain Juppé, je suis d’abord pour l’alternance. Et il me semble plutôt utile et même sain de nous poser la question de savoir ce qui est le plus favorable à l’objectif principal que nous poursuivons. En veillant à ce qu’il ne soit pas manqué à cause d’une primaire trop dévastatrice.

Ne pas empoisonner le futur quinquennat

Pour ma part, je ne suis pas idéologue, et je n’essaie même pas de me défaire d’une forme de pragmatisme. J’aime l’innovation mais je veille toujours à vérifier ses effets. Les primaires n’ont pas de précédent, sauf la primaire des socialistes de 2011. Le 2nd tour était pour eux nécessaire, car l’écart entre les deux premiers était faible. Mais, avec le recul, que peut-on constater ? Que le 2nd tour entre François Hollande et Martine Aubry a débouché sur un quinquennat désastreux, en terme de relation entre les différents courants socialistes. Les « frondeurs » sont des partisans de Martine Aubry, n’ayant jamais accepté ce qu’ils ont vécu comme une défaite. Et les batailles incessantes  ensuite au Parlement n’ont pas favorisé la mise en place de réformes pourtant nécessaires.

Une sélection ne crée ni victoire ni défaite, elle constitue une équipe pour gagner

Au sein d’une famille, ou d’une équipe, dont l’unité est essentielle, voire décisive, il faut toujours éviter les défaites des uns contre les autres. Les traces demeurent longtemps et empoisonnent l’action collective à mener ensemble au lendemain. Il n’y a aucun mal à sélectionner les meilleurs candidats, par exemple au moyen d’une primaire. Mais n’essayons pas d’en faire une sorte de totem, un verdict. Méfions-nous, au contraire, de ne pas faire perdre à notre démocratie représentative, relevant exclusivement d’élections officielles organisées par l’Etat, la mystique républicaine qui lui est nécessaire pour conserver toute sa solennité et sa légitimité pour agir.

Voir plus loin que les émotions du moment

Les difficultés que la France, l’Europe et le monde occidental ont à affronter sont telles, que nous ne devrions même pas imaginer nous diviser au sein des mêmes sensibilités. Nous ferions mieux d’explorer les voies et moyens d’organiser un périmètre précis d’une grande coalition transpartisane, permettant d’atteindre en deux ou trois ans, le niveau de compétitivité qui, seul, peut nous permettre d’espérer sortir de l’impasse.

Comme quoi, nous sommes loin d’avoir épuisé la réflexion sur ce qui est le mieux pour la France !

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