Un décalage horaire de 7 heures, avec un recul de 10.000 kilomètres, permet de prendre le recul nécessaire, pour analyser les résultats d’un scrutin avec sérénité et unique souci de l’intérêt général, avant de céder au sentiment personnel des candidats ou de leurs soutiens. L’idéal politique doit nous appeler, chaque fois que nous en avons la force, à dominer nos préférences, nos réflexes de compétiteurs, pour en revenir à l’essentiel : l’intérêt de la France.

Les primaires ne sont pas la présidentielle

Nous ferions bien de méditer que les primaires ne sont la présidentielle. Et que c’est la présidentielle qu’il faut gagner pour redresser la France ! Nous pouvons céder au goût du sport électoral, et nous épuiser dans des primaires, en nous divisant jusqu’au divorce. Mais si c’est au prix de perdre la présidentielle, rien ne serait pire. Or, un 2nd tour, focalisant la confrontation entre deux candidats, ne fera qu’exagérer nos divisions, voire nos seules nuances, au risque de nous affaiblir lors du seul combat qui vaille, celui de la présidentielle.

Le résultat semble donner une indication non ambiguë

Or, le résultat d’hier semble délivrer une indication non ambiguë. La préférence pour François Fillon semble incontestable. J’aime le vocable de « préférence », précisément pour ne pas blesser les autres candidats et leurs soutiens, afin que chacun se sente respecté. Aussi pour rendre hommage aux mois d’efforts qu’ils viennent d’accomplir. En rester au stade de la « préférence » me semblerait préférable, dans l’esprit de rassemblement, plutôt qu’aller jusqu’à la victoire des uns contre les autres. Alors qu’il faudra tout faire pour gagner ensemble dans quelques mois.

La capacité de la droite et du centre à gouverner ensemble pour conduire des réformes ambitieuses reste l’enjeu principal de la présidentielle

Ne nous faisons aucune illusion, le candidat de la droite et du centre à la présidentielle ne pourra pas se contenter de proposer des réformes idéales. Il devra prouver qu’il sera en mesure de les mener à bien. Or, un doute profond demeure chez nos compatriotes qui ne croient plus dans la capacité du politique à réformer le Pays. Aussi, nos efforts collectifs devraient plutôt se concentrer sur l’art et la manière de construire le quinquennat à venir, que nous disperser dans des primaires « désagrégeantes ». Nous devons prouver, et prouver encore, que nous sommes suffisamment unis pour réussir l’immense défi réformateur auquel la France est confrontée.

Le cas de Nicolas Sarkozy est tranché

Disons-le franchement, en restant élégant, un des enjeux, non avoué, de ces primaires était aussi de trancher le cas particulier de Nicolas Sarkozy. Son tempérament ne produit que des inconditionnels pour ou contre lui. C’était une lourde hypothèque sur la future présidentielle. Les votants de la primaire ont tranché cette question. C’est une bonne chose. Pour avoir été un supporter inconditionnel de sa personne et un déçu jusqu’à l’extrême, je me tiens au silence le concernant. Lui souhaitant de trouver dans le silence et la réflexion une paix intérieure qui lui manque tant.

Les personnalités de François Fillon et d’Alain Juppé sont parfaitement compatibles

Pour bien connaitre les deux, pour avoir travaillé étroitement avec eux, je ne vois pas ce qui pourrait les empêcher de travailler fructueusement ensemble. C’est la compétition électorale qui exacerbe les différences. Les leurs sont parfaitement conciliables, surtout si l’on excepte les slogans de communication destinés à endimancher les programmes électoraux. Je pense qu’ils devraient se rencontrer, dès aujourd’hui, en tête à tête. Qu’ils s’interdisent de penser à eux-mêmes. Qu’ils pensent exclusivement à la France et aux Français et qu’ils prennent ensemble la meilleure décision pour le bien de notre Pays.

Si Alain Juppé souhaite un second tour, je le soutiendrai

Qu’on ne s’y trompe pas, je ne suis pas en train de changer de candidat. Rien ne m’est plus précieux que la fidélité. Si Alain Juppé souhaite un 2nd tour, je le soutiendrai sans réserve. Je persiste toujours à penser qu’il a une parcelle d’expérience supérieure à celle de François Fillon. Et le fait qu’il ne fasse qu’un seul mandat me semble lui donner plus de liberté pour agir fort et vite. Mais j’aime dire ma pensée, sans fioriture. Puis, la connaissance que j’acquière de l’image de la France dans le monde, grâce à nos quatre enfants, habitants sur quatre continents différents, me porte à veiller à ce que le futur quinquennat ne soit pas raté. Sauf à redescendre en 2ème division mondiale. Voilà pourquoi je m’autorise à cette proposition dont j’ai conscience qu’elle ne relève pas de mon niveau.

Pour moi la France a besoin des deux !

En fait, la tâche est si lourde pour effacer notre handicap que, selon moi, la France a vraiment besoin, tant de François Fillon que d’Alain Juppé. À eux deux d’organiser leur binôme pour que nous puissions bénéficier, non pas des dommages de leurs désaccords, mais au contraire des fruits abondants de leur entente et de leurs volontés indestructibles d’associer leurs efforts. Dans un futur billet, je reviendrai sur ma conception de la répartition des tâches entre celle de Président et de Premier Ministre, c’est un sujet qui me tient depuis longtemps à cœur, et dont j’ai souvent parlé avec François Fillon du temps où il était à Matignon. Puis, il existe d’autres fonctions que la France doit bien vite aller conquérir à Bruxelles, à New-York, dans toutes les Institutions internationales où la pensée anglo-saxonne domine tout.

Voilà ma pensée de ce matin. Je serais heureux de recueillir vos avis.