L’Assemblée générale des Maires de l’Orne ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Après avoir exercé la présidence pendant 20 ans, j’ai eu la joie, il y a plusieurs mois, de céder le flambeau à Alain Lenormand, Maire de la Ferrière Bochard. Il a brillamment été réélu avec toute son équipe, jeudi dernier à Tinchebray où Jérôme Nury nous recevait dans sa magnifique salle.

L’association des maires de l’Orne (AMO) est un des lieux d’échanges les plus conviviaux et fédérateurs placé sous le sceau de la concertation, de l’efficacité et de l’énergie des élus ornais au service de l’action publique.

C’est cet esprit de collégialité et de partage qui nous procure à nous les élus le plaisir, chaque fois renouvelé, de participer à son Assemblée générale annuelle.

Cette rencontre a été l’occasion d’étudier notamment une question majeure pour nos différentes collectivités qui porte sur ce savant mélange de complexité administrative et de difficulté pour le monde rural. Bon nombre de communes ornaises ressentent la dévitalisation de leur centre-bourgs et appellent de leurs vœux une prise de conscience solidaire. La table ronde « ruralité et urbanisme » a permis de présenter les outils juridiques innovants pour permettre aux élus de reprendre en mains la gestion de leurs propres communes.

Si le nouveau paradigme territorial voudrait nous faire comprendre qu’il n’y a point de salut en dehors des grandes régions, des grandes métropoles et des grandes intercommunalités, je crois exactement le contraire. Si les gestions regroupées permettent des économies d’échelles, elles ne permettent pas d’asseoir la proximité qui requiert notre démocratie ! C’est l’essence du principe constitutionnel de subsidiarité, principe qui prévoit que les décisions doivent être prises par la collectivité publique qui est la plus à même de juger et de trancher. Dans ce schéma, les départements ruraux sont la matrice qui garantit les solidarités, qui lie les territoires grâce au déploiement du numérique ou des voies de communication. Dans bien des domaines, le Département peut mettre à disposition des collectivités un niveau d’expertise indispensable pour mener à bien leurs projets, et leur en donner les moyens.

Le monde rural regorge de ressources vives originales et précieuses, à rebours de la trépidation et de la pollution des grandes villes.

La libre administration, principe fondamental de la décentralisation, est sans cesse bafoué par une indigence légistique, par ce centralisme qui voudrait tout régir, tout prévoir, tout règlementer, par des lois et des règlements complexes d’experts et qui lient les mains des acteurs locaux. Chaque geste d’un élu est enserré dans une législation rigide, trop rarement expérimentée, et par conséquent, bien souvent mauvaise. C’est cette défiance technocratique vis-à-vis du politique qu’il faut combattre, sans relâche, pour redonner du sens à la démocratie et lui permettre de s’exprimer. Parce que le droit ne peut et ne doit pas tout prévoir. Respectons ce qui animait à l’origine la sagesse des rédacteurs du code civil. Et ce que Montaigne nous a enseigné.

Dénoncer les handicaps de cette complexité législative ne suffit pas. Mieux vaut agir ! C’est ce qu’a fait notre Conseil départemental en créant l’Agence Ingénierie 61 devenue marraine d’Orne-Métropole. Cet établissement public a pour objet fondamental de faciliter l’exercice des compétences des communes et intercommunalités adhérentes, de leur donner un niveau d’expertise de qualité pour la concrétisation de leurs projets. Cet objectif de solidarité territoriale est dévolu aux départements, garant de cette proximité indispensable entre la décision politique et les usagers.

Je crois dans nos forces et nos talents, dans les vertus de l’audace et plus encore dans l’audace collective. Le secret réside dans notre unité. A chaque fois que nous jouerons collectif, à l’image de cette association des maires de l’Orne, nous serons sûrs de faire vivre et de sauver la démocratie locale !