La disparition de France Gall, après celle si récente de Johnny, souligne le passage progressif sur l’autre rive de la génération d’artistes et de fans nés après la 2nde guerre mondiale. Ils nous ont fait chanter, danser, rire, pleurer, aimer. C’était la France des 30 glorieuses. Une jeunesse ayant vécu les mêmes évolutions historiques, politiques, économiques, sociales et technologiques. Des fées s’étaient penchées sur son berceau : la paix, la prospérité, le plein-emploi et la croyance dans le progrès. Autant de chances qui manquent aujourd’hui.

Ces artistes ont ensoleillé nos vies pendant 50 ans. Leur départ nous porte à les saluer avec tendresse, tant ils ont, avec une fraîcheur neuve, ouvert de nouvelles perspectives, donné un élan à des genres musicaux nouveaux, révélé des talents, suscité des vocations, invité à aller de l’avant, transmis le goût de la vie, construit des ponts vers des musiques nouvelles. Ils ont incarné le mouvement même de la vie, la confiance dans l’avenir, un rapport simple entre les gens. Ils ont pétri la pâte d’une époque singulière.

Leurs départs si rapprochés appelle à réveiller notre conscience du long terme par différence à l’éphémère. Même en musique. Ils révèlent la différence entre leurs statues de marbre éternelles, et celles de glace qui fondent aux premières épreuves du temps. En ayant toujours tendu la main aux jeunes artistes, ils ont permis l’enchaînement des générations, nous offrant une compréhension de la marche du temps ; les bienfaits de ce long terme, parce qu’il accompagne, qu’il nous rassure, parce qu’il nous dépasse, nous survit et nous éduque à la patience.

Le legs musical des années 70 continuera de résonner en nous, comme le chant touchant de la source qui coule des valeurs qui nous rassemblent. Tel est le message qu’ils nous laissent pour continuer à aller de l’avant.

Veillons à le transmettre pour conserver dans nos vies, celles de nos enfants et petits enfants, la part d’espérance dont chaque génération a besoin pour tisser l’étoffe humaine de notre histoire.

Aux artistes qui nous quittent, ouvrons leur, par notre hommage, un doux voyage vers le ciel. Le paradis blanc où nous les retrouverons.