carnet_de_volNous sommes le lendemain du 2ème tour de l’élection Présidentielle de 2002. Dans le petit studio de 25 m2 rue Duguay-Trouin où nous nous sommes douillettement installés, Catherine et moi, le mois précédent. 10h, le matin, le téléphone sonne. Alain Juppé prend la température. Il sait que j’aurais préféré la désignation de Nicolas Sarkozy pour Matignon. Tout indique que ce sera Jean-Pierre Raffarin dont la nomination est imminente. Il m’incite cependant à participer au gouvernement si j’y suis invité. Je réponds que cela dépendra de la politique envisagée, exprimant dès cet instant mes réserves sur la tentation permanente de certains de nos amis pour l’économie administrée.

22h45. La standardiste de Matignon me passe Jean-Pierre Raffarin le nouveau Premier Ministre.

Bonsoir Alain. Le Président souhaite que tu prennes « le budget », aussi je te propose la fonction de Ministre délégué au Budget. Je ne sais pas et ne veux pas savoir ce que vous vous êtes dit dans le passé, sache simplement qu’il tient beaucoup à ce que tu acceptes. Je t’indique que le Ministre des Finances sera Francis Mer.

M’appliquant depuis longtemps la célèbre maxime chère au monde politique : « les promesses n’engagent que ceux qui les croient ! », j’oublie sans amertume les hypothèses beaucoup plus généreuses évoquées par le Président au cœur de l’été précèdent. Peu importe.

Combien de temps ai-je pour réfléchir ? Dis-je

Comme disait Giscard : le temps que vous voulez, je reste en ligne, me répond amicalement le Premier Ministre.

Après quelques échanges rituels, nous sommes convenus que je lui rendrai réponse le lendemain à 10h.

Je souhaite d’ici là consulter quelques amis très chers qui, je le sais, me donneront un conseil désintéressé sur la meilleure réponse à apporter du point de vue de l’intérêt de cette proposition pour le territoire dont je suis l’élu. Je veux aussi échanger quelques mots avec Francis Mer dont on me dit qu’il ne sera pas facile à joindre attendu le décès de sa mère et de l’inhumation fixée le lendemain.

Bien qu’il soit tard, je passe quelques coups de fils et l’unanimité se réunit sur l’idée d’accepter.