Les réactions outragées de la France suite aux recommandations de la Commission européenne font penser au naufrage du Titanic. Le signalement d’icebergs indiffère le Commandant. Nous sommons les blocs de glace dérivant sur la mer de s’éloigner, et de veiller pour l’avenir à ce qu’ils ne se détachent plus des glaciers polaires. Nous tenons pour négligeables les conditions climatiques, la météo du moment, la force du vent, l’agitation de la mer, rien ne doit retarder la volonté d’une traversée triomphale, ni perturber la belle musique anesthésiante jouée par l’orchestre sur le pont à l’oreille des passagers naïfs et candides. L’opérateur radio répond « Dégagez, taisez-vous ». Débranchez votre radio et dormez. Une voie d’eau importante est ouverte sous la ligne de flottaison, mais qu’importe puisque personne n’a à nous dicter ce que nous avons à faire.

Titanic

La Commission européenne, comme pour tous les autre Pays, ne fait que nous alerter sur l’équivalent des règles de sécurité maritime, elle nous signale que la vitesse de nos dépenses est trop rapide comparée à celle de nos recettes, que les conditions de navigation que nous nous étions fixées à nous-mêmes ne sont pas respectées et qu’il en résulte un risque de naufrage pour nos propres passagers mais aussi pour ceux des autres pays.

Nous nous drapons dans notre vaniteuse dignité en ignorant avec superbe les lois les plus élémentaires de la simple réalité. On peut croire que la calotte glacière financière rattrapera les nouveaux icebergs détachés, que le vent contraire de la croissance se retournera par peur de nos rodomontades, et que les recettes jailliront à la demande pour couvrir l’accroissement des dépenses que nous ne savons pas maitriser.

Mais on ne peut tout de même pas reprocher à la vigie que nous avons choisie de nous cacher les obstacles qui se dressent devant nous au seul motif que nous ne voulons pas les entendre et bouder notre plaisir d’une belle traversée

Veillons bien à ce que les cris d’agonie des naufragés ne viennent pas prochainement couvrir le son de l’orchestre avant qu’il ne s’arrête à son tour de jouer lorsque les dernières protections cèderont.

Le déni de réalité est devenu un fléau dangereux de gouvernance. Et les recommandations de l’Europe sont les bienvenues. Elles portent un nom qui devrait nous rassurer : le bon sens !