Chère Léonarda,

Je ne te connais pas. Pourtant en quelques jours, tu es devenue le sujet unique d’articles dans la presse  et de débat entre les Français. Afin que tu ne te retrouves pas bien vite et de nouveau abandonnée à ton triste sort, je préfère te mettre en garde contre « le bal des faux culs de la bien-pensance » qui t’encense actuellement sans même avoir attendu les conclusions de l’enquête que justifient les conditions indélicates d’éloignement dont tu as fait l’objet.

La France est mon étrange et bien aimé Pays. Celui dans lequel je suis né et auquel je dois beaucoup. Je regrette simplement qu’au nom de mon supposé bonheur, il m’ait criblé de dettes, enfoui sous les déficits, accablé d’impôts, tout en laissant se dégrader les biens et services publics, assujetti à une bureaucratie kafkaïenne, menacé la soutenabilité du financement de la protection sociale et de l’Etat de droit. Et que non content d’avoir ruiné le Pays, et n’étant plus capable d’investir dans le futur, il se fixe soudain d’ériger la bien-pensance en nouvel eldorado mondial créateur de richesse morale inépuisable qui viendrait remplacer tous les besoins de première nécessité dont l’accès serait garanti par la loi, à défaut de l’être dans la réalité.

Sois prudente. Méfie-toi comme de la peste de ceux qui t’utilisent sans vergogne pour instaurer, inconsciemment, une forme de dictature de la bien-pensance, avec son cortège de totems, de tabous, ses indignation sélectives, son incapacité à traiter avec sagesse, dignité et justice les vrais sujets de notre société. Tu es l’otage d’une autre tyrannie que celle qui cherchera inévitablement à rationaliser les flux migratoires. La tyrannie des injonctions morales habillées de morale et d’émotion. Elle masque une nouvelle idéologie à laquelle chacun est tenu de souscrire, conformément à toutes les manipulations intégristes. Une grosse ficelle est pourtant tendue en présentant les unanimités comme créatrices de ciment social indispensable à toute société, sans dire les nouvelles barbaries qu’elles portent en germe.

Ne soit pas dupe du bal des hypocrites qui recrute chaque jour des Français candides éblouis par la mise en scène actuellement à l’œuvre te concernant, en oubliant la vie courante de millions de jeunes de ton âge, préférant se fondre dans la masse, puisque la masse serait supposée être seule détentrice de la vérité. Je te recommande au contraire de ne pas confondre éruption médiatique et vérité, applique toi à débusquer l’hypocrisie qui instrumentalise l’information pour nous entrainer tous à nous faire croire ce qu’elle veut. Tu seras d’autant plus forte que tu sauras te soustraire à la doxa bien française de la bien-pensance qui s’érige en vertu nationale.

La vraie question posée par les conditions de ton éloignement est le fonctionnement de notre appareil judiciaire et ses voies d’exécution. La loi est la loi. Si elle est mauvaise, elle doit être modifiée. Les procédures sont les procédures, si elles portent atteinte à la dignité de la personne, elles doivent être modifiées. Le erreurs des acteurs de la loi et de la procédure doivent donner lieu à réparation. Cette réparation t’est due à toi et non au cortège de nouveaux dévots qui veulent transformer la France en royaume de la bien-pensance.

Tu es jeune. Mais si tu pouvais prendre conseil autour de toi, auprès d’une famille sage et raisonnable : dis-nous : « Français, redevenez raisonnables, cessez d’organiser chaque jour une nouvelle guerre civile des idées, délivrez plutôt votre message éternel de paix et démontrez le en cessant de vous disputer, en utilisant la misère humaine, pour vous racheter de toutes vos lâchetés ». Ton invitation serait traduite dans toutes les langues de la terre.

Courage !