Les titres des journaux visent à attirer un lectorat. Ils peuvent contenir des raccourcis qui ne donnent pas un reflet fidèle des échanges qui suivent. C’est inévitable. L’entretien que nous avons eu avec Pierre-François Gouiffès reflète totalement ma pensée car j’ai validé tout le contenu issu de notre entretien, fort passionnant d’ailleurs, tant il connait intimement la matière. Il est vrai que j’ai souligné dans quel domaine la LOLF n’a pas encore réalisé les espoirs qu’elle portait en elle et qui relevaient clairement de l’intention forte du législateur organique, ignoré en la circonstance par la technostructure de l’Etat qui a préféré sanctuariser ses organigrammes que renter dans l’esprit de réforme. De ce point de vue, mon éviction du gouvernement en 2004 ne m’a pas permis d’imposer totalement les vues du législateur organique. Ceci explique peut-être d’ailleurs cela.

La LOLF est le seul texte relatif aux lois de finances d’origine parlementaire et transpartisane. Unique dans l’histoire des finances publiques. Elle s’est voulue, dès sa naissance, une partition d’une symphonie budgétaire et financière écrite pour gouvernements de gauche ou de droite. Elle n’a pas produit tous les fruits tant espérés puisqu’on l’a mise sous camisole afin que la liberté qu’elle offrait, assortie d’une responsabilité légitime, ne puisse pas s’exercer tant elle semblait suspecte à ceux qui ne croient toujours pas à la liberté et à la responsabilité comme logiciel de gestion publique. Elle a été détournée de sa finalité par une bureaucratie qui commande encore au Pays et qui est à réformer d’urgence. C’est le chantier dont je rêverais qu’un Gouvernement me charge, je suis convaincu que j’y parviendrais dans un consensus absolu.

Elle a été cependant une expérience précieuse pour la France, même détournée comme elle l’a été, car elle a été révélatrice d’une capacité à réformer quand les responsables politiques le veulent et qu’ils savent s’unir sur l’essentiel, oubliant un moment ce qui le sépare, souvent accessoire, pour s’accorder sur l’essentiel. Il faut leur donner maintenant le pouvoir de l’inscrire dans les pratiques administratives. Aucun Gouvernement ne pourra le faire puisqu’il est le jouet d’une technocratie toute puissante dont il craint de se couper pour agir. Il faut pour y parvenir de vrais politiques chevronnés, n’ayant aucune nouvelle perspective de carrière et suffisamment solides pour ne pas être soupçonnables de poursuivre d’autres buts que  l’intérêt général. Après, pour réussir, c’est affaire de force de conviction et de management par l’exemple et le consensus.

La LOLF aurait un couronnement historique si, après une micro chirurgie constitutionnelle purement technique, elle pouvait fonder la Loi de Finances des Administrations Publiques (APU) coiffant les lois de finances sectorielles, APUC, ASSO, APUL. Et instituer la Loi de Règlement des Administrations Publiques (APU) qui ferait la lumière entre les comptes épars fournis au Peuple français, par différence à ceux envoyés à Bruxelles. Quel progrès démocratie ce serait ! Si les universitaires en FIPU, les étudiants, les politiques vertueux entamaient ce combat, je serais à leur côté, voire à la tête, pour réussir cette réforme copernicienne et historique qui serait la 1ère marche du redressement de la France, de ses comptes publics et de son organisation administrative.

On commence quand ?

Je vous recommande de lire les deux livres celui de Pierre-François Gouiffès « L’âge d’or des déficits. 40 ans de politique budgétaire française » paru début septembre à La Documentation Française, et le mien « Déficits publics, la démocratie en danger », paru en octobre chez Armand Colin. Ils sont complémentaires. A la fin de la lecture, vous serez dans le top 100 des citoyens français les mieux informés des comptes publics et des voies et moyens du redressement.

http://www.latribune.fr/blogs/generation-deficits/20131217trib000801374/alain-lambert-la-lolf-a-echoue.-c-est-une-rolls-sur-un-chemin-de-terre.html

http://medias-presse.info/alain-lambert-la-lolf-a-echoue/4083