Je souscris entièrement à la Tribune publiée par François Vilette, Directeur de la commande publique à St Ouen, le 9 janvier dernier. Il a tellement raison de comparer l’état de prostration intellectuelle dans laquelle se plaisent les contemplatifs du droit de la commande publique. L’évocation de la chute de l’empire romain illustre bien l’irréalisme de ceux qui tiennent congrès sur le diamètre des lances à incendie pendant que la maison brûle.

Codes

S’agissant de la suppression pure et simple du CMP, il s’agit d’une hyperbole, figure classique de dialectique, pour réveiller précisément les rêveurs idéalistes qui s’enivrent de procédures, oubliant leur premier devoir qui est celui de l’efficience.
Quelle que soit la solution opérationnelle choisie, l’urgence de la simplification s’impose, ainsi qu’un changement de paradigme normatif.
Déjà les principes de la commande publique doivent être réaffirmés : – égalité de traitement des candidats, – liberté d’accès à la commande publique, – transparence de procédure.

Tout ce qui, de manière directe ou oblique, vise à endimancher ces principes de complications inutiles pour nourrir des soupçons ou protéger les acheteurs des erreurs ou oublis matériels doit être proscrit.
La protection du contribuable, oubliée depuis tant d’années, doit enfin redevenir la priorité.
Oui la question de la performance des achats doit sortir de l’ignorance dans laquelle elle est illégalement tenue et cesser d’être considérée comme incongrue. Alors qu’elle est la finalité de la politique d’achat.

La vérité sur les procédures, leur longueur, leur coût, leur absence de performance par rapport aux achats privés doit être mesurée, contrôlée, publiée et portée à connaissance des Français et, s’il le faut, devant des juridictions, afin que ce gaspillage scandaleux cesse. Il doit être possible de comparer des commandes identiques passées par le public et le privé, afin de comparer les performances respectives et voir si le secteur public est plus efficient. Si c’est le cas, je présenterais avec soulagement des excuses publiques.

Gestions monomaniaques et peurs du contentieux ne peuvent rester la référence unique du management de l’achat public.
Les guides de bonnes pratiques ne doivent pas davantage se limiter à des compilations de tous les textes existants. Le vocable « pratiques » suppose de partir, non pas du droit qui est supposé régir la matière, mais de l’acte d’achat à accomplir.

Soyons conscients que les grands prêtres de la norme ne savent pas acheter. N’attendons-donc pas d’eux des conseils pratiques puisque précisément ils n’ont aucune expérience.

Prescrire le droit de l’achat ne donne aucune compétence pour savoir acheter, bien au contraire, et c’est bien notre drame.
Je souscris à la conclusion de François Villette, le temps est venu d’un aggiornamento de la commande publique.
A la défiance a priori, la confiance a priori doit être explicitement substituée et affirmée.

Les procédures rigides et improductives doivent être bannies. Une professionnalisation des responsables de l’achat public doit s’instituer.La transparence absolue doit remplacer les formalismes kafkaïens. L’efficience comparée de l’achat public et de l’achat privé doit être évaluée et publiée.
Alors et alors seulement, Byzance sera sauvée et l’empire romain, tel le phénix, renaîtra de ses cendres pour incarner l’Europe renaissante.