La gazette des communes nous révèle aujourd’hui, à partir d’une étude de l’ADCF, que l’Etat voyait tout en grand, voire en très grand dans l’évolution de l’intercommunalité. Au point d’en constituer certaines de plus de 100 communes. On parle d’intercos XXL, voire de Mégafusions d’intercommunalités. Bref, BIG IS BEAUTIFUL ! Une sorte de course au gigantisme s’est déclenchée jusqu’à l’hystérie dans la sphère publique.

Au moment où le monde de l’économie réelle réinvente la proximité, la prise en compte de chacun comme une personne et non un effectif, la réduction des distances, l’offre de services personnalisés et non plus banalisés, voilà que la sphère publique fait l’inverse. Comme d’habitude, elle suit les modes avec 20 ans de retard quand celles-ci sont passées. Pire, elle prend les choses totalement à l’envers. Ce qui fait la spécificité de la France, c’est son nombre de communes. Nous aurions eu tout intérêt à commencer par l’encouragement aux communes nouvelles sous la forme du volontariat. Très vite les intercommunalité seraient devenues ces nouvelles communes, lesquelles auraient constitué les relais des départements sur l’ensemble du territoire national. Le coup est parti totalement à rebours de ce simple bon sens. Les régions ont été élargies au point, pour certaines, d’en faire des monstres dont la gestion sera ruineuse et inefficace, tellement éloignées des citoyens que la démocratie locale en sera affectée. Ensuite on s’est attaqué aux départements, maintenant aux intercommunalités, et demain aux communes probablement. En matière de trouble de l’orientation spatiale, il pourrait être utile de faire examiner nos technocrates. Quant aux députés, c’est plutôt le trouble de l’autonomie qui les guette. Leur remplacement par des robots simplifierait d’ailleurs la vie des gouvernements qui n’auraient plus à perdre leur temps pour les faire obéir. Ce qu’ils finissent toujours par faire.

Bon, puisque la mode est au grand, allons-y carrément ! La grande intercommunalité aboutie est … le département. Pourquoi en avoir 4 ou 5 seulement. Cela fait mesquin. Autant aller au bout de cette logique. Et nous aurons, alors, atteint la solution que je m’épuise à préconiser, c’est-à-dire le « département-métropole » qui permet de fusionner les fonctions du département et celles des intercommunalités et ainsi organiser une démocratie locale s’appuyant sur des structures éprouvée depuis deux siècles.

Il faut toujours mieux faire les choses à l’endroit qu’à l’envers. Et en tous cas, ne pas les faire à moitié.

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