La compassion n’est pas une réponse crédible

Que les gouvernants ne s’y trompent pas, l’organisation régulière de cérémonies compassionnelles ne peut tenir lieu de réponse crédible aux abjects attentats qui se perpétuent en France.

Gouverner c’est exercer une puissance et une force

Gouverner ne consiste pas à s’ornementer en Grand Chambellan des services funèbres pour victimes innocentes d’odieux attentats. 0n ne sait plus ce que ces cérémonies compassionnelles cachent de négligence, d’indécision, d’évanescence, de cynisme ou même de manipulation. Gouverner, c’est d’abord une volonté. Une volonté d’exercer des prérogatives de Puissance publique, pour mettre en œuvre tous les moyens qu’un Etat digne de ce nom doit se donner, pour assurer la sécurité de ses citoyens, de son territoire. C’est utiliser cette Puissance en Force publique, en utilisant avec discernement la police, la gendarmerie, la douane, les forces armées. C’est oser utiliser la contrainte en exerçant un pouvoir souverain, en particulier sur tous ceux qui le défient. C’est prendre ses responsabilités, en acceptant l’impopularité qui ne manque jamais d’accompagner l’exercice de l’autorité.

Sans sécurité, pas de démocratie

Les Français croient encore, mais pour peu de mois, en la capacité de l’Etat et de ses dirigeants à garantir leur sécurité. Mais ils savent aussi qu’il ne s’agit là que d’une simple fiction, d’une croyance civique à laquelle ils se soumettent par devoir, afin de puiser la force nécessaire pour croire encore au « vivre ensemble ». A l’instant où cette croyance s’éteindrait, la panique générale gagnerait immédiatement le Pays. Un sauve-qui-peut, un embrasement général surviendraient. La mystique républicaine, qui sert de stabilisateur automatique à la société, menace elle-même de s’effacer devant tant d’inertie, afin de préserver son droit à renaître ultérieurement. La population n’en peut plus de s’indigner, de se rendre à de permanentes obsèques nationales, quand elle sent que les célébrants préparent déjà les suivantes. Car aucune solution n’est trouvée, et peut-être même cherchée, pour éradiquer cet abject terrorisme criminel.

Avoir le courage des solutions rudes

Certes, les solutions ne sont pas simples. Encore faut-il avoir le courage de les énoncer et ensuite de choisir les plus opérationnelles. Un consensus national est possible, à condition de ne s’interdire par avance aucune voie de raison, de franchise, de sincérité. La politique actuelle de bons sentiments et de compassion anesthésique mène à l’aveuglement. Autant la bienveillance est un sentiment indispensable et essentiel dans la sphère privée. Autant, elle est contre-productive voire dangereuse pour gouverner.

En finir avec les tolérances catégorielles

Cessons de concéder des droits spécifiques aux communautés religieuses, ethniques ou aux groupes de pression de toute espèce. Ces droits émiettés portent atteinte à notre liberté collective. L’Etat a pris moins de gants, quand il s’est agi de lutter, comme il le fallait, contre les dérives sectaires. Mais le soi-disant djihadisme des criminels actuellement en liberté est bien plus dangereux que les sectes, qui ont été opportunément dissoutes. Légitimer ces tolérances catégorielles, c’est faire monter les partis populistes, les extrêmes de gauche comme de droite. Ils capitalisent cyniquement sur toutes les souffrances endurées. Comment ne pas écouter les intellectuels et artistes arabes qui dénoncent, au prix de leur vie, les dérives fondamentalistes ? Pourquoi s’interdire de dire que l’islam fondamentaliste est incompatible avec la démocratie ? Il faudra combien d’attentats, de drames, de tragédies humaines pour enfin reconnaitre des évidences. Tout religieux qui affirme que ne pas croire est un crime doit être poursuivi.

Que l’islam accepte ce qui a été imposé au christianisme

Oh, je sais parfaitement que ces propos blesseront certains de mes amis. Mais j’assume. Aux dévots des « droits de l’hommisme » je veux rappeler que la France, en son temps, et à plusieurs reprises, a eu le courage d’affronter le christianisme pour que la souveraineté du politique s’impose sur la souveraineté du religieux. Que ces épreuves ont été salutaires pour tous. Ainsi le christianisme est allé dans le sens du rationalisme. Ce fut l’œuvre d’abord des théologiens, puis des philosophes qui ont pensé le contrat social à partir de la fin du XVIème siècle. Nous avons appris tous ensemble à constituer une communauté civile souveraine, en lui conférant la légitimité du pouvoir. Notre fondamentalisme a été de renoncer au primat des croyances religieuses dans l’organisation de la société.

La philosophie des lumières n’était pas réactionnaire

Ayons le courage d’affirmer que nous exigeons le retour d’une Autorité juste et républicaine. Serait-ce réactionnaire ? Dois-je rappeler que c’est la position ferme des libéraux de gauche du XIXème siècle, comme partisans de la liberté. Aujourd’hui nous avons à consolider cette liberté. Et notre radicalité doit être de revenir à la philosophie des Lumières.

Autorité