Le Journal Ouest-France de ce jour traite abondamment de l’installation des nouvelles intercommunalités. L’histoire risque d’être sévère sur cette période de réforme territoriale, conçue et organisée à Paris et de Paris … pour la province ! On ne peut pas faire pire comme acte de centralisme bureaucratique ! L’idée originale, soit disant géniale, était que l’agrandissement de toutes les collectivités permettrait des économies dont le montant estimé à l’origine était de 25 milliards d’euros. On sait déjà que cette réforme non seulement ne produira aucune économie mais pire entraînera des dépenses supplémentaires considérables.

Et il n’est pas sûr que ce soit le pire dommage ! Interrogeons-nous sur la dimension démocratique de cette folie des grandeurs territoriales.  Proximité et démocratie sont des valeurs intimement liées. Ignorer ou supprimer la proximité constitue une privation au moins partielle de démocratie. Nous traversons une période de crainte réelle de désaffection des citoyens à l’égard de la politique. Ce qui est en train de se produire accentue le phénomène. La décision prise au plus près du citoyen a toujours plus de chance d’être comprise et acceptée que celle prise de loin. La question de la légitimité est ici essentielle, et c’est tout l’édifice démocratique qui est en jeu si les décisions, comme au niveau national, échappent à toute logique ou bon sens. Si l’objectif réel avait été sincèrement de réaliser des économies d’échelle, rien n’interdisait, bien au contraire, de favoriser la mutualisation, l’entraide entre les collectivités. Alors que le droit continue de contrarier tout, pour l’instant, et n’a fait que rendre plus flou encore ce qui existait.

Le grand reproche que je ferais à ces réformes c’est l’hypocrisie ! Elles maintiennent aux fonctionnaires de l’Etat tous leurs pouvoirs de contrainte, et organisent des simulacres de consultations qui visent, en fait, à renvoyer la responsabilité aux élus locaux. Les Schémas en tous genres qui sont actuellement adoptés, le sont sur la base de travaux menés exclusivement par les préfectures. Ensuite les élus sont priés de les trouver bons, d’éviter de les amender, et d’applaudir, y compris quand le résultat défie le bon sens le plus commun de la vie quotidienne.

Je souhaite bien du courage aux nouveaux élus des nouvelles intercommunalités. Je leur recommande vivement de commencer prudemment la fusion de leurs activités et de conserver des comptabilités analytiques pour avancer ultérieurement vers une intégration plus réfléchie, plus responsable et juste.

Le Conseil Départemental de l’Orne et l’Agence Ingénierie 61 se tiennent à leur disposition pour les aider dans leur rude challenge.