C’est le titre, souvenez-vous, d’un film de science-fiction qui remonte le temps sur 30 années. Je cherchais depuis plusieurs mois l’exercice auquel Jean-Marie Foubert, rédacteur en chef de l’Orne-Hebdo, nous avait contraint lors des municipales de 1995. Il nous avait demandé d’écrire un texte sur une journée ordinaire en 2015, soit 20 ans après ! Grâce à lui, je viens de remettre la main sur le texte que vous trouverez en annexe. Je l’en remercie.

Dans mon souvenir, aucune de mes plumes de l’époque n’avait voulu s’y coller. J’avais dû m’y mettre un dimanche soir, en m’arrachant les rares cheveux qu’il me restait déjà !

Tout d’abord, compliments au journaliste. Je suis suffisamment sévère à l’endroit de cette noble profession pour lui délivrer parcimonieusement des compliments. Les candidats aux élections devraient être systématiquement soumis à cet exercice. Cela les obligerait à élever leur regard vers un horizon plus haut et plus vaste, les dispensant ainsi de toutes leurs promesses aussi immédiates qu’irréalisables.

S’agissant du texte, je constate et tente d’analyser mes nombreuses carences de prospectiviste. Dès la 1ère ligne, j’évoque le fax ! Raté ! Deux ans seulement après, l’Internet renversait tout sur son passage (il existait alors de manière très spécialisée). Nous en étions encore au Minitel. Ma 1ère adresse mail date de 1997. Mais le débit était si faible que nous ne consultions pas encore les news sur le web. Cela étant, les infos autrement que par le journal, c’est fait.

Je me suis naturellement beaucoup trompé, mais je ne suis pas mécontent du pilotage automatique des automobiles qui est actuellement en pleine effervescence. Sur ce coup, j’avais plutôt de l’avance. De même que pour les voitures électriques. Pour le décor végétal de la ville, le maximum a été fait dans le temps qui m’était imparti. La vision de la ville verte est totalement dans la ligne qui a été poursuivie. Sur le Musée du Château des Ducs, nous n’y sommes pas encore, mais les choses avancent bien. Sur la nouvelle prison, elle a bien été construite, mais il n’est pas sûr que la dimension électronique la distingue, attendu le profil des détenus. Sur le télétravail, nous y sommes aussi, et il commence à être utile d’envisager des déjeuners de rencontre entre tous les télétravailleurs, pour construire en permanence l’esprit d’équipe. S’agissant du nombre de chaines de télévision, nous y sommes. Et des concerts qui pourraient se dérouler en multi sites, c’est déjà possible, on a bien vu des meetings politiques avec hologramme.

Au final, l’orientation générale de la vie n’était pas si mal anticipée. La morale de l’histoire ne consiste pas à s’auto délivrer un quelconque brevet de pronostiqueur. Mais surtout de souligner la belle et essentielle dimension politique qu’est la vision du futur, et son anticipation. C’est le premier devoir de l’élu politique. Proposer un futur possible. Une vision. Un chemin. Fixer un horizon assez profond pour rendre le long terme ce nous voulons qu’il soit.

Nous sommes en 2017, c’est donc maintenant que se préparent 2037, 2040, 2050. Souvenez-vous des images sur Paris 2050.

Alors, allons-y, parlons ensemble de nos espoirs pour cet horizon. Pour rester sur les questions déjà évoquées en 1995 pour 2015, j’espère, pour ma part, que l’Orne se sera fédérée en Métropole. Non pas comme une ville immense, dense, minérale, austère. Mais comme une dentelle, un réseau de pleins et de déliés de communes toutes aussi belles les unes et les autres, et constituant ensemble une œuvre, pour le bien-être de ses habitants.Il n’existe plus un seul véhicule thermique pour voyageur. D’ailleurs, nous ne possédons plus de voitures. Elles sont en libre-service, électriques ou à hydrogène, et nous les louons en fonction de nos besoins. La nature a repris l’ascendant. Pas une rue sans arbres. Les murs sont généralement habillés de végétation. Trois matières prédominent dans la construction : le verre, le bois et le végétal. Le commerce est quasi exclusivement en ligne. Les anciens hypermarchés sont devenus des centres de loisirs. Le cœur de ville est composé de magasins remplis d’écrans tactiles. La marchandise est livrée à domicile ou dans des boites sécurisées au pied des immeubles. Pour les petits actes, la médecine est proposée en ligne, par des praticiens de proximité, mais regroupés en équipe pluridisciplinaire. Pour les plus gros actes, l’hôpital a changé. La quasi-totalité est en ambulatoire. Des petits apparts‘hôtels sont proposés de l’autre côté de la rue, pour ceux qui le souhaitent. Nous portons tous les lunettes. La faute aux écrans. Mais elles servent de téléphone, d’écran, de montre, de lampe, de mesure de qualité de l’air. Elles ne font pas encore la cuisine. Mais, au fait, la cuisine ?

Je vous laisse le soin de me dire comment vous la voyez en 2050 !