C’est l’expression choisie par le grand essayiste Nassim Nicholas Taleb pour définir l’intelligence, comme le rapporte Idriss Aberkane dans le Point d’une semaine passée.

On ne peut mieux définir la panne dans laquelle la France comme notre continent se trouvent. Une élite trop savante nous assène des vérités absolues qu’elles sont bien incapables de réaliser elles-mêmes. Or, M. Taleb affirme que personne ne sera plus apte à prendre une décision risquée que celui qui en subira les conséquences. Il va plus loin en disant que même si l’auteur de la décision est supposé illégitime pour la prendre, il est plus sage de la lui confier, à lui, s’il est prêt à « risquer sa peau ». Car il sera, de ce fait, plus malin qu’un Prix Nobel n’ayant jamais à payer les conséquences de ses erreurs.

L’essayiste encourage les citoyens à mesurer chez leurs décideurs, en premier, leur degré de « skin in the game » en rappelant le sage précepte du psychologue Soufi Idries Shah : « ne prête aucune attention à ce que les gens disent, regarde juste ce qu’ils font » !

L’action publique est peuplée de gens qui ne paient jamais les conséquences physiques de leurs erreurs, de gens qui ne jouent ni leur place ni leurs économies. Taleb ose les nommer « Intellectual Yet Idiot  », « intellectuels mais idiots ». Et il insiste en prévenant : « Si vous ne prenez aucun risque dans vos opinions, vous n’êtes personne. » Ajoutant : « Rien ne signale mieux quelqu’un qui joue sa peau que le fait qu’il ait des cicatrices », ce qu’il signifie comme la pathemata mathemata : apprendre par la douleur.

Or, lorsqu’on observe bien la sphère publique, elle semble totalement épargnée de cicatrices, puisqu’à l’évidence elle se refuse par principe à toute prise de risque.

Nos bibliothèques sont emplies de sottises, comme ce rapport de 1995, qui annonçait qu’Internet ne représentait aucun potentiel commercial.

La morale de l’histoire : Plutôt que jouer la peau des autres, osons jouer la nôtre !

C’est bon pour notre conscience. Comprenne qui pourra 🙂