Ayant oublié à Paris un périphérique informatique, alors que je suis ici à #Singapour, je me suis rendu chez une grande marque mondiale pour acheter l’accessoire exactement adapté. Quelle expérience ! Une qualité personnalisée de l’accueil, un soin attentif consacré à vérifier que l’outil serait exactement adapté à mon système, et une franche invitation à revenir en cas de difficulté. Cela m’a fait immédiatement réfléchir.

Ressentir soudain de la gentillesse

J’y ai ressenti de la gentillesse ! Cette sensation simple et naturelle, de plus en plus rare, quand l’on prend soin de votre problème, qu’il est tranquillement identifié pour y trouver une solution, sans brusquerie, impatience ou désobligeance. Un panneau informait d’ailleurs clairement les clients qu’ils devaient se comporter de même à l’égard du personnel, sauf à être invités à changer de fournisseur 🙂

Un déclencheur de conscience

Cela a été pour moi comme un déclencheur de conscience que le secret de l’efficacité moderne serait probablement, tout simplement : la gentillesse !

Une évidence oubliée

Cela semble une évidence humaine et sociale. Pourtant, ce n’est pas le ressenti qui nous est le plus familier, ni même celui que nous nous efforçons de diffuser nous-mêmes aux autres.

L’ingrédient majeur de l’efficacité est la gentillesse

Pourtant les plus grands experts du management, statisticiens, chercheurs, sociologues, psychologues organisationnels et ingénieurs nous révèlent que l’ingrédient principal de l’efficacité d’une équipe de travail est : la gentillesse ! Les meilleures équipes sont celles où les gens sont gentils les uns envers les autres.

Un besoin de sécurité psychologique

Chaque être humain ressent de plus en plus, dans le monde moderne, un besoin de « sécurité psychologique », c’est-à-dire un sentiment qu’il doit pouvoir, au sein d’une équipe, prendre des risques en toute sécurité, en confiance, sans crainte d’être rejeté où même d’être fustigé. Il doit pouvoir agir dans la certitude du respect mutuel permettant à chacun de se sentir à l’aise dans l’initiative et dans l’action.

L’action publique étrangère au bon sens

L’inertie de l’action publique en France tient sans doute beaucoup à notre incapacité à soustraire de notre droit ce réflexe de responsabilité punitive face à l’initiative de simple bon sens.

La gentillesse battue en brèche par la dureté et le cynisme

L’importance de la gentillesse n’est pourtant pas une nouveauté dans la littérature managériale. Mais elle a été réfutée, dans sa pertinence, par la génération des petits chefs des années 1980. Génération convertie à la religion du profit immédiat, de la concurrence idéalisée, de la compétitivité de court terme, destructrice de futur. Le surmenage, l’anxiété, engendrés par la cruauté, l’agressivité, la pression constante des échelons intermédiaires a développé une culture de la dureté et du cynisme sous tendu par un goût immodéré pour l’argent. Une paranoïa imbécile s’est emparée des faux managers dont l’intelligence était souvent très inférieure à celle de leurs subordonnés. Je me souviens même d’un crétin ayant tenté de m’expliquer que s’excuser était une forme de faiblesse. Sans bien se rendre compte lui-même qu’il révélait ainsi chez lui une vraie faiblesse de l’âme, en n’ayant pas le cran d’être autre chose qu’un méchant pour masquer sa propre vulnérabilité. Le manque de gentillesse est la maladie de la lâcheté, un signe de mauvaise santé mentale où les espoirs se voient étouffés par les peurs.

La gentillesse est devenu une arme de construction massive de bonne ambiance au travail

La situation est en train de s’inverser, les entreprises deviennent de plus en plus attentives à la santé, au bien-être et au plaisir de travailler de leurs salariés. La gentillesse, la considération sont devenues des armes de construction massive de bonne ambiance au travail. De nombreuses études démontrent qu’en améliorant la vie des équipes, on améliore leur performance dont elles tirent des bénéfices en termes de satisfaction, d’émotions positives.

La gentillesse est devenue la clé du succès

Les gens sont plus heureux quand ils sont gentils, telle est la grande découverte invraisemblablement oubliée. Ainsi, il a été mesuré que la bienveillance, l’effort désintéressé, ont tendance à renforcer les sentiments de bonheur, de qualité de vie et d’estime de soi. C’est devenu la clé du succès. Les personnes compatissantes, plus à l’écoute des émotions des autres, ont plus de succès au travail.

Le stress doit être arraché de la vie des jeunes générations

Le stress doit donc absolument être expulsé de la vie des jeunes générations. Il est faux de leur faire croire que finir la course en tête exige un niveau de stress frôlant les sommets. C’est au contraire un environnement apaisé qui influence les bons résultats. Il parait même qu’en aidant les autres, nous ne faisons pas qu’une bonne action, mais nous nous aidons nous-mêmes en libérant de l’endorphine dans notre cerveau. Substance qui nous donnerait une certaine euphorie, la même que celle d’un coureur après une course. En prime, parait-il, une dose de sérotonine nous est offerte ambiance au travail en forme de sentiment de satisfaction et de bien-être.

Que mes amis se rassurent, cela ne m’a pas conduit pour autant à adhérer aux légendes qui remplacent la notion de générosité par celle de justice, et la gentillesse par un devoir générateur de droits universels.

Aider les autres, c’est s’aider soi-même

En fait, ce long récit, à partir de ma petite excursion chez Toshiba, m’a permis, dans ma tête, de réinventer l’eau chaude : aider les autres c’est s’aider soi-même. La gentillesse engendre la gentillesse. C’est le cercle vertueux qui, s’il l’emporte, pourrait bien sortir le monde occidental de l’ornière dans laquelle il se trouve, face aux Pays du nouveau monde.