Le Point dans sa livraison régionale de ce jour traite du défi qu’Alençon a eu à relever, lors de la fermeture de sa plus grande entreprise : Moulinex. Les papiers qui sont publiés, et que vous trouverez en annexes, reflètent assez fidèlement la réalité. Je me souviens simplement combien il a fallu de sang froid, de pédagogie, d’espérance pour renverser la tentation de la résignation qui guettait, chaque jour, tous ceux qui souffraient et doutaient qu’un avenir soit encore possible. C’est encore douloureux dans le coeur de beaucoup de salariés qui ont perdu leur emploi à cette période. Mais je veux à nouveau leur dire aujourd’hui que seule une attitude volontariste, une volonté de fer, une marche déterminée en avant pouvait nous sauver. Je voulais absolument prendre le désespoir de vitesse et nous y sommes en partie arrivés. Certes, il nous reste encore à faire. L’enseignement qu’il faut en tirer est que rien n’ai jamais cependant perdu et qu’il faut toujours garder l’espérance dans son coeur et la traduire dans sa volonté. Un seul mot du papier m’a laissé un goût amer, c’est celui de « grandiloquence » (mot bien peu adapté pour des gens qui ont un genou à terre) pour qualifier la lettre ouverte que j’ai choisie à l’époque de publier à la France qui nous regardait. Nous sommes une petite ville largement oubliée par les media nationaux. Et voilà qu’ils étaient tous là, avec leur caméras, indiscrètes, impudiques, comme pour saisir nos souffrances et des signes de découragement. C’était pénible. J’avais passé ma hargne en leur signifiant que nous n’avions pas besoin de leur commisération et que nous saurions nous relever. Créer le sursaut. Comme nous y sommes parvenus, les caméras nous ont quittés. Comme si soudain nous avions perdu tout intérêt. Nous n’étions plus un sujet de désenchentement. Merci au Point d’être revenu. Il est le bienvenu.