Henri de Castries donne une ITW à Yves de Kerdrel, dans le Figaro et le Journal des Finances. Deux experts parmi les meilleurs pédagogues de la place de Paris. Lisez-les. Le texte est en ligne sur le journal des finances. Cette ITW suscite de ma part quelques réflexions personnelles déjà parfaitement décryptées par A.B. Galiani sur ce blog, au cours de la semaine.

1) Correction ou krack ? Telle est la question récurrente. Correction sévère mais méritée. Le climat d’euphorie, la pulvérisation des risques répartie sur un nombre d’instruments et de marchés incommensurables rend en effet l’identification et la localisation précise desdits risques. Il était grand temps que l’échelle du risque et du rendement devienne plus conforme aux nécessaires équilibres de long terme. Cette crise est peut-être salutaire pour retrouver les pratiques raisonnables. Je crois donc davantage à une correction qu’à un krack.
2) Faut-il s’affoler ? La croissance mondiale est solide et robuste. Les résultats des entreprises sont bons. L’extrême volatilité et la grande anxiété sont les enfants naturels des techniques sophistiquées de dispersion des risques. Les marchés sont devenus incapables d’offrir la moindre traçabilité, de sorte que personne ne sait plus d’où vont surgir les défauts de paiements. Un peu de travail technique et une volonté collective de juguler la crise pourraient commencer à lever l’énigme. En d’autres termes, rien ne sert de s’affoler car cela ne pourrait qu’aggraver les choses.
3) N’a-t-on pas laissé trop se développer de nouveaux instruments financiers ? Il n’est pas heureux que les grands établissements se défaussent des risques et que le système encourage la gestion d’extra court terme. Cela engendre un monde qui n’est plus capable de préparer l’avenir. Une régulation et un contrôle corrigeant cette évolution sont nécessaires.
4) Les banques centrales ont-elles fait leur travail ? Oui ! et il faut le souligner en France plus qu’ailleurs. Puisque notre pays ne cesse d’expliquer une partie de ses contrariétés par la politique monétaire de la BCE. Celle-ci a remarquablement répondu à la crise. Il n’est pas sûr qu’elle ait intérêt à remonter prochainement son taux directeur, exclusivement pour consolider une crédibilité aujourd’hui déjà suffisamment solide. Espérons que les politiques veilleront à ne pas tenter des pressions inutiles qui viendraient contrarier un tel objectif.
5) Faut-il que les gouvernements parlent ? Le moins possible. Ils sont aujourd’hui (surtout en France) les seuls à croire encore pouvoir influencer le cours des marchés, sans compromettre leur bon fonctionnement. La meilleure attitude reste le silence et délivrer des messages de confiance. Leur marge de manoeuvre est équivalente à celle dont ils disposent sur la météo.
6) Faut-il craindre pour l’économie mondiale et y-a-t-il des enseignements à tirer ? Plus que jamais il ne faut jamais oublier que les humains n’échappent pas à cette terrible loi : ils obéissent à deux seules émotions : la peur et l’espoir. Et ils passent de l’un à l’autre à une vitesse effrayante. Gageons qu’ils auront conservé suffisamment de motifs d’espoir pour éviter qu’ils ne précipitent eux-mêmes une catastrophe qui peut être aujourd’hui largement évitée. Quant à la croissance, en Europe, elle tient moins à ces évènements qu’aux pseudos politiques de relance. Elle tient à une seule et unique chose : la capacité des gouvernements à mettre en oeuvre les réformes structurelles qui ont trop tardé. C’est pour cela que les Français ont essayé Nicolas Sarkozy. Ils le savent doué d’une énergie hors du commun. Qu’il la consacre d’abord à réformer les systèmes sophistiqués d’assistance et bureaucratiques qui sont les pires freins dont l’économie française souffre. Ce n’est pas affaire d’argent. C’est affaire de suivi et de volonté inébranlable. C’est la dessus, plus que sur toute autre chose, qu’il sera jugé.