Après une très longue hésitation, et mûre réflexion, je le ferai pour deux motifs :

L’un est affectif. Les liens qui m’unissent au Président de la République sont anciens et personnels. Ils sont hors du champ politique. Nous n’avons jamais confondu les deux. Lorsque je siégeais à l’ancienne UDF, il m’est arrivé de ne pas voter pour lui, par exemple aux Européennes de 1999. Cela n’a jamais assombri nos relations. L’année qui vient de s’écouler fut plus difficile pour moi car l’agenda d’un Président le rend inaccessible à ses amis. C’est frustrant. Nous nous en sommes expliqué longuement, directement et sur le fond. Notre relation personnelle est intacte. Je ne regrette surtout pas de l’avoir interpellé sur ce blog pour lui dire mon courroux. Sans doute aurais-je même dû le faire plus tôt.

L’autre motif est politique. J’avais posé mes conditions pour voter cette réforme : la suppression du verrou qui nous empêche actuellement de rapprocher loi de finances et loi de financement de la sécurité sociale. En première lecture, le débat au Sénat n’a pas été à la hauteur de l’Institution. En deuxième lecture, les réponses données par la Commission étaient juridiquement fausses et ont sans doute affecté la sincérité du scrutin. Quand à la réponse du Gouvernement elle était aussi aimable que nulle sur le fond. Le vote a failli m’être favorable à une ou deux voix près ! Si nous avions voté par assis et débout, il n’est pas sûr que je ne l’aurais pas emporté. Cela n’a pas été le cas. Je suis démocrate. J’ai tout tenté, mais j’ai été battu.. Et je ne peux pas prétendre avoir raison contre tout le monde. Puis je sais parfaitement qu’un vote « non conforme » rendait la tenue du Congrès impossible demain. C’est pourquoi j’enrage sur la 1ère lecture où le Sénat a manqué à sa réputation.

Aujourd’hui dois-je bouder dans mon coin ? Voter « non » par vengeance, par amour-propre blessé, ou par dépit ? Je ne suis pas construit comme cela. Je me sens comme un combattant qui a perdu une bataille pour le redressement des comptes publics mais qui n’a pas perdu la guerre. Et qui va continuer à combattre, de toutes ses forces, avec l’appui de parlementaires solides et résolus pour éviter à la France le péril de l’abîme financier qui la menace.

Cette bataille, le Président sait parfaitement que je vais continuer à la mener. Il mesure les écarts importants qui continuent de nous séparer, en ce domaine, mais je sais qu’il me donnera les moyens pour défendre mes idées. Pour réussir le redressement financier si urgent du Pays. Pour forger les outils nécessaires. Pour veiller à ce que les générations présentes cessent de piller les droits des générations futures. Pour libérer la politique de la tyrannie du court-terme et donner une tribune à ceux qui veulent construire l’avenir aussi à l’horizon du moyen et long terme.

Je choisis donc par affection et par raison politique (les sottes déclarations de Madame Royal ont achevé de me convaincre) d’accorder ma confiance à Nicolas Sarkozy. Pour le bien de la France, comme pour le sien. Si je ne suis pas entendu, je ne persisterai pas. Dans de prompts délais ! Le budget pour 2009 sera le rendez-vous de la vérité.