Pendant l’été dit le Figaro, la course à la présidence de la Haute Assemblée continue. Autant, dès lors, vous faire partager quelques réflexions pour vous permettre de mieux en suivre les évolutions et les enjeux. Pour ma part, je pense qu’avant de parler des hommes, ou des femmes susceptibles de présider l’Institution, sans doute devrions-nous commencer par réfléchir et débattre sur le rôle et les missions du Sénat au service de la France et des Français, au lendemain d’une réforme de nos institutions, et au début d’un quinquennat qui aura bouleversé beaucoup de tradition et de coutumes de la 5ème République ?
C’est le travail que nous avons mené collectivement avec de nombreux sénateurs au sein de notre Groupe « Un nouvel élan pour le Sénat ». Je vous invite à vous rendre sur le site et à me transmettre vos commentaires.

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Au delà même des idées et des valeurs, sur lesquelles un consensus est souvent facile à construire, la pratique de nos institutions est capitale. Or, nous n’en parlons jamais assez. Alors, parlons-en !

Ainsi, je suis personnellement très attaché à ce que le Sénat, tout en admettant le « fait majoritaire », socle de la 5ème République, cesse de se soumette à l’Exécutif, comme la majorité de l’Assemblée y est, en permanence, contrainte, attendu le risque de dissolution (que ne connaît pas le Sénat). En singeant l’Assemblée, le Sénat perd de sa force, de sa spécificité, de son autorité. Or, l’autorité est essentielle à l’heure où chacun s’accorde sur la nécessité de renforcer la place du Parlement dans le fonctionnement des institutions de la République. Le Sénat peut être loyal, tout en étant exigeant, constant, et intraitable dans ses réponses au gouvernement, dès lors que l’enjeu le commande.

Deuxièmement, à l’heure où la loi devenue bavarde, inconstante, insécure, tatillonne, insuffisamment normative, le Sénat doit imposer sa technique législative, son savoir-faire et sa langue pour rendre à notre appareil normatif, sa dignité, son efficacité et sa réputation en Europe et dans le Monde.

Troisièmement, le Sénat doit aussi participer activement au processus d’élaboration de la législation européenne et contrôler son application afin que la règle cesse de s’éloigner de plus en plus de la réalité du terrain et des préoccupation quotidiennes des citoyens.

Quatrièmement, le Sénat doit être, évidemment « la maison des Sénateurs » et pas seulement celle des « dignitaires ». Mais devenir aussi « la maison des Collectivités Locales ». Celles-ci doivent pouvoir installer leurs associations d’élus dans le Palais (ou ses dépendances), afin qu’elles trouvent, au sein même de l’Institution, les contacts, les savoirs, les retours d’expériences qui sont nécessaires à la performance de leur action. Sommes-nous conscients qu’avant 10 ans, le budget cumulé de toutes les collectivités locales aura rejoint celui de l’Etat ? Comment le Sénat pourra-t-il prétendre les représenter, si elles ne s’y sentent pas chez elles ?

Cinquièmement, aucun groupe ne peut plus revendiquer la majorité à lui tout seul. Le moment n’est-il pas venu d’envisager, au Sénat, un pacte majoritaire qui dépasse les clivages traditionnels et ouvre des perspectives de coalitions d’intérêt général (avec les centristes, le RDSE, le PS, le CRC, s’il l’accepte) permettant de construire les grandes réformes d’avenir sur la base d’accords transpartisans ?

Sixièmement, l’effort de modernité de notre Haute Assemblée doit aussi s’incarner dans une campagne aux plus hautes responsabilités du Sénat frappée du sceau de la sincérité, de la transparence, et de la plus grande ouverture possible. Les sénateurs peuvent y trouver l’occasion de montrer que la démocratie est d’abord un débat d’idées. »

J’ai bien conscience d’avoir été long. Bien que je me sois limité à quelques sujets. Il en est bien d’autres que je pourrais développer ultérieurement.

Pour ma part, je n’ai pas l’intention de voter pour un candidat qui ne me donnera pas de garanties précises sur tous ces sujets. Et je me réserve de mobiliser de nombreux collègues qui partagent cette exigence. Je souhaite faire vivre ces idées jusqu’au jour du scrutin. En concertation étroite et préalable, comme promis depuis le début, avec Philippe Marini, Jean Arthuis, Hubert Haenel et Dominique Leclerc avec qui nous avons lancé « le nouvel élan », ainsi qu’avec Jean-Pierre Raffarin et Gérard Larcher. Et Naturellement Christian Poncelet. »