Quelques marquis zélés de l’UMP ont été promptement envoyés au feu pour rappeler à l’ordre les manants dans mon genre qui ne sont toujours pas emballés par le mode de financement du RSA. Ayant personnellement bénéficié d’un traitement de faveur, je me dois d’abord de m’excuser. Je n’ai, en effet, jamais prétendu parler au nom de la majorité présidentielle dans aucune interview, comme on m’a a accusé. Par ailleurs, je ne me considère pas comme le seul parlementaire courageux qui dirait clairement ce qu’il pense alors que les autres seraient des pleutres qui craindraient les foudres célestes au cas où ils viendraient à critiquer les propositions sur le RSA. J’espère simplement que chacun se sent totalement libre de donner son sentiment et de ne pas être enrégimenté.

En revanche, comme il m’a été permis de faire connaître librement les arguments qui me laissent vraiment dubitatif, sur la question de financement (et exclusivement là-dessus), je profite volontiers de cette liberté.

Tout d’abord, notre pays est devenu « champion du monde » des dépenses publiques dont le montant est d’environ (1.000 milliards d’euros). C’est au sein de cette sédimentation ancestrale de crédits pour financer des politiques devenues désuètes pour certaines, qu’il fallait puiser le milliard cinq nécessaire au bouclage. A défaut les réformes ne se feront jamais. Si personne ne veut faire le job, je veux bien m’y mettre comme parlementaire en mission.

Ensuite, il existe la prime pour l’emploi dont j’affirme, comme tous les rapports parlementaires qui se sont succédés depuis plusieurs années, le gaspillage insensé d’argent public qu’elle représente puisqu’elle touche un public qui pour partie ne l’attend pas, n’en connaît pas le montant, et la reçoit comme une aubaine. Il a été renoncé à la remettre dans le paquet de financement du RSA, c’est une double erreur, selon moi. Financière d’abord. Et d’organisation ensuite. Il y aura désormais deux dispositifs concurrents qui vont se chevaucher et accroître l’illisibilité du soutien à la reprise d’un emploi. Enfin l’argument qui consiste à dire que la gauche en aurait fait un casus belli. Et alors ? Sur ce sujet, elle sait parfaitement que le dispositif est nul. Elle s’amuse à faire de la dialectique avec, mais ne crois pas un mot de ses arguments. Puis compter sur elle pour faire la promotion du financement du RSA, tel qu’il est prévu, relève de l’optimise au mieux et de la naïveté au pire.

Voilà pour ce soir. On peut soutenir à fond l’idée du RSA et profondément regretter son mode de financement. S’interdire de le dire ne serait pas honnête et ne donnerait pas de la majorité le visage d’une communauté politique majeure et vivante au sein de laquelle le débat vit et s’éclaire à mesure des débats. Mais d’un régiment de godillots trompant consciemment le chef sur l’état réel de la compréhension des Français.

Alors, suite au prochain numéro. Pour ma part, je suis soulagé d’avoir pu faire les mises au point attendues et conserver ma liberté d’exprimer mon analyse économique et fiscale, au lendemain des annonces, puisque personne ne prend la peine de nous consulter avant !