Mais que se passe-t-il chez les banquiers américains – et pas seulement – ? Les banques semblent frappées par une épidémie et chutent les unes après les autres … C’est le prolongement naturel de la crise baptisée désormais du nom de « subprime », et détaillée sur ce blog dans un papier en date du 11 août 2007. Le triste feuilleton continue donc. Je vous propose, dans un premier billet, un rappel sur l’origine de cette crise. Un second billet approfondira les raisons des difficultés bancaires. Tout le monde doute de tout et c’est là, l’origine du jeu de domino.

Donc, à l’origine, il y a eu des prêts octroyés à des acheteurs immobiliers fragiles (et US) – c’est le principe du marché «subprime » -. Ces prêts ont été facilités par les très (trop ?) bas taux d’intérêt. Au demeurant, le risque de défaillance des emprunteurs est longtemps apparu comme faible, puisqu’en tout état de cause, le bien immobilier pouvait être cédé sur un marché immobilier en hausse, donc avec une plus value. Finalement, que du bonheur pour tous !

Une partie des banques US se livrant à ces opérations échappe à la réglementation bancaire. En effet, depuis 1929, seules les banques de détail, celles qui reçoivent les fonds des déposants au quotidien, sont sous la tutelle de la FED. Les autres et notamment celles accordant des prêts « subprime » ne connaissent que des règles prudentielles allégées. Ne recevant pas de dépôts de la clientèle, elles se refinancent de 2 façons : par emprunts auprès d’autres banques (le « refinancement interbancaire ») et par titrisation. Cette dernière est un procédé qui consiste à céder à un tiers un titre représentant des prêts accordés par la société de crédit, ce qui revient à les «vendre» à ce tiers en échange de la rémunération, forcément plus élevée que celles offertes par le reste du marché. Ces titres (sous des formes parfois discrètes de « dérivés de crédit »), jugés parfois peu risqués ont entre autres été acquis par des fonds de style SICAV, FCP et autres « OPCVM » (organismes de placement collectifs en valeurs mobilières). En clair, toute la planète en a acheté, parfois même sans le savoir.!

Les taux des prêts consentis aux emprunteurs du subprime étaient indexés sur le taux de l’argent court-terme. Lorsque la FED (la « Federal Reserve System », l’équivalent de la Banque Centrale Européenne) a remonté son taux directeur, ceux des prêts immobiliers ont suivi et les emprunteurs se sont retrouvés avec des échéances augmentées, auxquelles ils n’ont pas toujours pu faire face. Pour une banque, la défaillance d’un emprunteur reste de l’ordre de l’anecdote. En revanche, la défaillance d’un grand nombre d’emprunteurs peut conduire à des difficultés majeures. Il faut savoir, par exemple, que pour une banque française, la perte d’un 1 € de capital prêté coûte l’équivalent de la marge annuelle de plusieurs centaines d’euros de crédit. Même plus question de faire appel aux plus values attendues, car l’offre immobilière s’accroissant du fait des défaillances, le marché s’est « retourné ». Accessoirement, le fait de miser sur une plus value pour rembourser un prêt – ce qui constitue l’élément spéculatif de l’opération – n’est pas très éloigné du rôle assigné aux banques par quelques responsables politiques français qui attendent d’elles qu’elles se substituent aux associés d’entreprises sous capitalisées pour financer des projets trop souvent flous et imprécis.!

La question que vont se poser tous les investisseurs dès lors que les difficultés massives d’emprunteurs vont être avérées, c’est : « où est le risque ? ». Dés lors que celui-ci ne peut être identifié et mesuré, se développe un climat (délétère) de méfiance exacerbée, encouragé par l’annonce de pertes importantes ici et là. Plus personne ne veut prêter aux banques supposées (à tort ou à raison) plus particulièrement exposées, plus personne ne veut acheter de titres d’OPCVM, car ils pourraient recéler des crédits insolvables. Et ceux qui en détiennent se retrouvent avec des actifs pas forcément « pourris » mais en tout cas devenus invendables, faute d’acheteurs. Bref ! C’est ainsi devenu une crise de liquidité généralisée, dans un univers connu pour ses excès d’optimisme ou de pessimisme.