Ce texte a été rédigé par par Thomas Colin. Il n’est sous mon nom que pour des raisons techniques. Le 7 novembre 2008, le député Richard Mallié a déposé une proposition de loi visant à élargir les possibilités d’ouverture dominicale des commerces. Traditionnellement, il existe deux justifications à la législation sur le repos dominical :
– La nécessité de protéger les travailleurs ;
– Et la volonté de promouvoir une concurrence saine et loyale.

En adoptant le point de vue du salarié, il importe d’encadrer l’organisation hebdomadaire du travail, afin que chacun puisse bénéficier d’une journée complète de repos. En l’absence de repos hebdomadaire obligatoire, un salarié pourrait voir ses trente-cinq heures de travail hebdomadaires étalées sur les sept jours de la semaine. Un argument actuellement mis en avant par des opposants au travail le dimanche reprend cette logique de protection des salariés à travers la législation sur le repos dominical. Selon des critiques de la proposition de loi, le droit d’option en faveur des salariés constituerait un leurre : les salariés seraient de facto contraints de renoncer à leur temps libre en famille du dimanche. Il importe donc de les protéger par un encadrement légal. Le second argument adopte le point de vue des employeurs. Les employeurs sont également des concurrents. Dans cette perspective, le repos dominical permet d’éviter une concurrence déloyale et potentiellement destructrice pour les plus petits commerces. En effet, une taille importante permet une adaptation plus aisée à une augmentation des horaires d’ouverture. Pour une grande surface, par exemple, il est possible de recourir au nombre d’employés tout juste suffisant à tout moment. A contrario, pour un petit commerce, être constamment ouvert peut conduire à des coûts de personnel importants pour une activité faible, voire très faible. Ainsi, des opposants à la proposition de loi prétendent défendre le petit commerce. Le second argument adopte le point de vue des employeurs. Les employeurs sont également des concurrents. Dans cette perspective, le repos dominical permet d’éviter une concurrence déloyale et potentiellement destructrice pour les plus petits commerces. En effet, une taille importante permet une adaptation plus aisée à une augmentation des horaires d’ouverture. Pour une grande surface, par exemple, il est possible de recourir au nombre d’employés tout juste suffisant à tout moment. A contrario, pour un petit commerce, être constamment ouvert peut conduire à des coûts de personnel importants pour une activité faible, voire très faible. Ainsi, des opposants à la proposition de loi prétendent défendre le petit commerce. Je crois qu’un troisième argument mérite d’être soulevé. Il ne repose ni sur le point de vue des salariés, ni sur celui des employeurs, mais sur celui de chacun en tant qu’individu. Il s’agit du lien entre la valeur que l’on accorde à son temps libre et sa concomitance avec le temps libre de ses proches. C’est indéniable : la valeur de son repos croît lorsqu’il coïncide avec le repos de ses proches. Typiquement, il n’est pas intéressant de prendre ses vacances, lorsque son épouse travaille. Si c’est pour passer ses vacances seul, autant travailler ! Dans ce cas, le temps libre a peu de valeur.

En l’absence d’encadrement légal, chacun opterait pour le jour de repos hebdomadaire de son choix. Les jours de repos étant différents, il serait plus difficile de passer cette journée avec ses proches et le temps libre serait alors moins attractif. Dans le jargon de l’économie du bien-être, l’absence de coordination entre agents dans la détermination de leur journée de repos hebdomadaire correspond à une défaillance de marché. C’est pourquoi l’État intervient pour synchroniser a minima les emplois du temps et permettre à chacun de bénéficier d’un temps libre ayant de la valeur, c’est-à-dire d’un temps libre partagé avec les siens.

Si, comme le souhaitent des parlementaires parmi lesquels Richard Mallié, il peut être pertinent d’élargir les possibilités de travailler le dimanche, cette inflexion ne doit pas faire obstacle à une certaine synchronisation des emplois du temps. Si chacun aspire à travailler, d’une part, et à consommer, d’autre part, il souhaite aussi bénéficier de temps libre avec ses proches.

Thomas Collin