emprunt_d__etat.jpgL’Europe semble enfin s’être mise d’accord sur un plan de sauvetage de la Grèce qui constitue par là même un plan de sauvetage de l’Euro.
Le temps des réjouissances passé, il serait prudent que cette tragédie soit interprétée comme un avertissement pour tous les pays de l’Union Européenne et pour tous les pays développés du monde. Un avertissement aux dirigeants politiques comme aux peuples. Les déficits et la dette ne peuvent jamais monter jusqu’au ciel. Au fond, les difficultés de la Grèce sifflent la fin de « l’illusion budgétaire » et de « l’ivresse de la dette » en nous rappelant aux règles élémentaires de discipline budgétaire. Les gouvernements cigales, sans bien s’en rendre compte, tuent le politique car c’est l’arithmétique qui vient gouverner à leur place avec les agences de notation et les marchés. Par surcroît ils rompent le pacte intergénérationnel, seul garant de l’avenir d’une démocratie.

L’ivresse de la dette c’est pour moi la perte de sa liberté. C’est la mort lente de la démocratie. C’est la suppression de toute marge de manœuvre et donc c’est l’impossibilité de marquer toute différence possible de politique entre la gauche et la droite, entre le libéral et l’administré. Oui, l’ivresse de la dette, c’est la perte des libertés car une seule politique reste possible : le redressement des comptes ! L’ivresse de la dette c’est sortir la gestion publique du champ politique pour en faire exclusivement un problème arithmétique ou un problème intergénérationnel en laissant les générations présentes vivre au-dessus de leurs moyens aux dépens de la génération suivante. Au risque que celle-ci refuse un jour de servir les pensions qu’on lui aura imprudemment envoyées à payer sans discernement.

Je persiste vraiment à penser que les déficits sont une lâcheté. Si l’on peut admettre un déficit conjoncturel, celui structurel, qui s’est aggravé encore au cours de la présente année, n’est pas acceptable. Voilà 35 ans, de manière ininterrompue, que notre pays n’est pas capable de retrouver l’équilibre budgétaire. Il en résulte une montagne de dettes. Et tous les courants politiques sont responsables. La dette française constitue une accumulation de lâchetés annuelles. Aujourd’hui elle atteint 78 % de la richesse produite chaque année par les français soit environ 1.500 milliards d’euros. Les perspectives d’évolution, selon la Cour des Comptes, nous laissent craindre 90 % du PIB pour la fin 2012.

La charge d’intérêt qui en résulte, c’est-à-dire le coût de la dette (sans remboursement du capital), représente en 2009 : 43 milliards d’euros, presque autant que l’impôt sur le revenu. Environ 15 % du budget général de l’Etat. Selon la Cour des Comptes, cette charge d’intérêt pourrait atteindre 90 milliards d’euros en 2013 soit 4 % du PIB.

Il ne suffit toutefois pas de pleurer sur le lait renversé. Encore faut-il proposer des solutions. Pour l’avenir, il serait sage d’instaurer des nouveaux instruments de gouvernance. A situation exceptionnelle : mesure exceptionnelle :
– Pour la protection de l’environnement, nous avons introduit dans le préambule de notre constitution le principe de précaution. Alors étendons-le à la soutenabilité de nos finances publiques. N’y a-t-il pas urgence à le faire ?
– Pour excès de vitesse récurrents les automobilistes perdent leur permis de conduire. Pourquoi les gouvernements ne perdraient-ils pas leur permis de conduire la politique de leur pays dès lors qu’ils commettraient des excès de déficits récurrents ? Combien de pays ont honoré leur programme de stabilité envoyé chaque année à Bruxelles depuis 1999 ? Pas la France qui ne les a jamais respectés. Ces programmes doivent désormais être davantage renseignés, documentés au moyen notamment de trois trajectoires principales, en recettes, en dépenses et en solde. En cas de non-respect de la trajectoire de dépenses, instaurons une règle de démission d’office des gouvernements avec interdiction d’y siéger à nouveau pendant la durée de la législature. Ceci constituerait la plus puissante mise en garde préventive aux gouvernants laxistes.

Enfin l’euro est la plus grande et belle réalisation réussie par les européens au cours du dernier demi-siècle. Après tant d’années de conflits sanglants. Il a servi de paratonnerre à tous les errements budgétaires. Il est donc temps de revenir aux fondamentaux. La surveillance multilatérale actuelle doit être renforcée. Des critères de convergence appropriés, corrélés à la croissance doivent être choisis. Des sanctions appropriées doivent également être trouvées, car une amende n’a pas de sens lorsqu’un pays est en quasi faillite.

Enfin si les programmes de stabilité viennent enfin à être soumis au principe de sincérité des sanctions politiques pour non-respect pourront être instaurées au minimum dans nos droits nationaux.

Qu’en pensez-vous ?