J’ai croisé dans les couloirs Joaquim Pueyo qui venait présenter son livre. Les journalistes Franck Besnier et Jean-Yves Gélébart accompagnés du redoutable Emmanuel Chaunu nous ont accueillis sympathiquement comme à leur habitude.

Chaunu VEL 06042013Nous avons commencé l’émission par un bref retour sur les 30 ans de vie publique qui s’affichent au compteur en disant un mot de la ville d’Alençon. Il est vrai que la fonction de Maire restera celle qui m’aura le plus marqué. Sur la période que j’ai eu à couvrir, la réhabilitation et mise en beauté du patrimoine historique de la Cité des Ducs s’imposait et une nouvelle dynamique de l’intercommunalité a été impulsée, avec la création ambitieuse de la Communauté Urbaine.

Lorsque l’on m’a demandé de comparer le mandat de Maire avec celui de Président du Conseil Général, j’ai précisé combien ce dernier était actuellement difficile à raison des conditions financières asphyxiantes qui nous sont imposées. Même si le mandat est riche de satisfaction par ailleurs. Comme d’habitude, on a voulu me faire parler de ma succession et j’ai décidé une bonne fois pour toutes de ne plus me laisser promener sur ce sujet. Le mandat qui m’est confié s’achève en mars 2015. Je l’exerce en y mettant le meilleur de mes forces. Je refuse de susciter la moindre impatience ou rivalité en commençant à ouvrir la boite de Pandore de la suite. Je recommande l’application stricte de la leçon du laboureur à ses enfants : « Travaillons, prenons de la peine, c’est le fond qui manque le moins ! ». L’impératif me semble plus approprié à la période que le pluriel de majesté ou le pluriel tout cours car la tempête budgétaire est si forte qu’il me faut tenir la barre sans faiblesse.

S’agissant de la situation des finances publiques, je suis resté sur ma position constante depuis 20 ans ! Le problème de la France n’est pas lié à son incapacité à lever l’impôt mais à son excès de dépenses. Je nie qu’il soit impossible de les contenir. Et j’en ai donné la preuve dans tous les mandats qu’il m’a été donné d’exercer.

Inévitablement la question « Cahuzac » a été évoquée et je maintiens la profonde conviction qui m’habite. Si son comportement est incompréhensible, dès lors que la justice est saisie, il appartient à elle seule d’établir la vérité. Les démocrates instruits savent que l’un des principes fondateurs est la séparation des pouvoirs. Je trouve donc que le corps politique est trop bavard sur le sujet et ferait bien de s’en remettre à la Justice. La curée médiatique à laquelle on assiste donne le sentiment d’une manipulation des émotions des Français et tout cela finira par la montée des extrêmes.

J’ai présenté mes vœux les plus chaleureux et sincères pour son succès à Bernard Cazeneuve nouveau Ministre du Budget et lui ai renouvelé mon avis sur la nécessité de ne pas lâcher un euro de plus pour le salut de la France. Nous nous verrons jeudi soir pour un moment émouvant.

Je me suis refusé à juger de la politique du gouvernement, ce n’est plus mon rôle, je ne suis plus parlementaire. En revanche, je le soutiens de toutes mes forces dans sa lutte pour la « simplification » qui est une urgente nécessité nationale. Tous les Français doivent se réunir pour dire aux administrations centrales : Assez ! Cessez de nous accabler de vos normes qui nous usent la vie ! Mettez de l’ordre dans votre fonctionnement et lorsqu’il sera compétitif, comparé à d’autres pays, vous reviendrez nous voir !

Nous avons consacré trop peu de temps à l’important sujet de l’emploi. Je continue de croire à l’avenir industriel de la France. A la capacité d’ingéniosité de nos chercheurs, à notre génie pour inventer des produits nouveaux, à retrouver notre place dans les grands pays producteurs. Il nous manque le goût du risque d’entreprendre, la reconnaissance du mérite d’entreprendre, et l’encouragement au travail par préférence à l’assistance.

Bon, sur l’incontournable « mariage pour tous », j’ai, comme de nombreux civilistes, rappelé que l’institution conçue par le Code Civil a été totalement organisée pour les couples hétéros et qu’il est juridiquement inapproprié de vouloir le copier / coller pour le couple homos. Il n’y a pas d’ambigüité sur la nécessité d’organiser un autre type d’Union civile pour ces derniers.

S’agissant des normes, nous sommes revenus plusieurs fois sur le sujet pour rappeler l’importance de saisir l’actualité pour mettre un coup d’arrêt à leur prolifération et je pense qu’il faudrait vraiment qu’il monte du tréfonds du Pays un mouvement de refus de continuer avec ce corps de règles qui nous paralyse afin que le corps politique s’occupe enfin de cela au lieu de nous bassiner avec ses sujets de sociétés tous aussi intelligents les uns que les autres mais qui n’auront aucun effet immédiat sur la croissance et l’emploi.

Parmi les incontournables, le sujet GDE s’est de nouveau invité. J’ai clairement précisé que la calomnie ne m’intimidera jamais et que c’est la plus mauvaise manière de communiquer avec moi. La calomnie est la funeste pratique des faibles qui n’ont d’autres vues qu’eux mêmes. Ils ne peuvent heureusement jamais triompher avec ce type de méthode. Par ailleurs, le chantage sur les JEM est tellement débile et déshonorant que, par charité, j’ai préféré ne pas le commenter.

Nous avons terminé sur une note plus constructive, l’Orne à 10 ou 20 ans dans un monde qui se globalise si vite. Nous devons ensemble transmettre un territoire où il fait bon vivre, ou les humains partagent un vrai art de vivre, une économie prospère, une nature magnifique et féconde.

Pour terminer sur un sourire le dessin de Chaunu sur les normes !