Guy Carcassonne nous a quitté si vite. Tellement trop vite. Nous n’avons pas eu le temps de lui dire assez combien il nous était précieux, par sa liberté, sa lucidité, sa simplicité. Son indépendance d’esprit dans un monde si convenu. Je conserve le souvenir d’un mail qu’il m’avait envoyé suite à une question où je l’invitais à me répondre confidentiellement par ne pas le gêner. Il m’avait répondu : « Je n’ai, rassurez-vous, aucun problème de confidentialité : ce n’est quand même pas contraire à la probité ou à l’honneur de réfléchir avec vous… ». C’était lui. 

Carcassonne Guy

Sa disparition si soudaine me crée soudain un remord. Il était venu, au Sénat, en 2005 me consulter avec mon ami Philippe Manière, alors DG de l’Institut Montaigne, sur son idée de créer « un Contrôleur Général des dépenses publiques ». J’avais exprimé des doutes sur le bien-fondé de cette création, estimant, à tort, à l’époque, que le corps politique saurait comprendre, à la veille de l’application de la LOLF, que la fuite en avant, face aux déficits et à la dette, finirait pas cesser. Je me suis trompé. La situation est aujourd’hui pire qu’en 2005 . Son idée était bonne. Avoir une autorité, placée auprès du Parlement -dont il aurait permis de revaloriser le rôle-, aurait réalisé un contrôle assidu sur les administrations sociales, locales et d’Etat, en complément de celui de la Cour, laquelle intervient ex-post. Cette idée garde donc toute son actualité et témoigne du caractère visionnaire de sa pensée.. En hommage à sa mémoire, vous pouvez la lire sur le site de l’Institut Montaigne. Guy nous lègue l’image d’un homme dont l’intelligence et l’imagination font vivre les idées et donnent un souffle novateur à l’action publique.