Dans les heures qui viennent, contrairement ce que pensent la plupart des Français, ce n’est pas le choix de telle ou telle personnalité pour occuper des fonctions ministérielles qui compte le plus. L’essentiel est ailleurs : dans le découpage des ministères et leurs futures attributions. Pour parler de ce que je connais le mieux, j’imagine la sourde bataille qui se déroule autour de Bercy. L’appartenance à l’énarchie et aux grands corps de certains futurs ministres ne doit pas faciliter la tâche. Et pourtant l’urgence, l’impérieuse nécessité consiste dans la création de ce « ministère des comptes publics » pour le lequel je me bas depuis 5 ans ! Le point stratégique le plus immédiat consiste à stabiliser au plus vite les attributions de ce ministère, afin d’éviter que des « contre-feux » ne s’organisent de toute part, soit au sein de la sphère sociale, soit au sein même de la citadelle de Bercy, pour sauver les organigrammes, les droits acquis des grands corps, les perspectives de débouchés et autres douceurs bien connues. L’objectif d’intérêt supérieur pour les Français n’est pas mince. Il s’agit de réunir, entre les mêmes mains, le cadrage des finances de l’Etat, de la Sécurité Sociale, et des Collectivités Locales, afin de retrouver, sans délai, la pleine maîtrise de nos finances publiques, réduire notre dette, renouer avec un niveau de déficit qui ne dépasse pas nos investissements, et améliorer la performance de l’action publique.

Ce ministère est tout sauf un meccano institutionnel, le Canada, le Royaume-Uni, l’Allemagne sont ainsi organisés. Il ne s’agit pas non plus de vouloir gérer à la place des autres ministères, déresponsabiliser l’ensemble des managers publics. Bien au contraire, il s’agit de travailler dans le respect de la gouvernance propre à la sphère sociale et des relations contractuelles entre l’Etat et les Collectivités locales.
Quel progrès serait immédiatement accompli :
– La coordination des lois de finances et de financement de la Sécurité Sociale serait ainsi d’emblée acquise.
– Les éternels « angles morts » des finances publiques seraient enfin supprimés (dette Etat-Sécu, transferts rampants de l’Etat aux Collectivités Locales). Ces sujets sont aujourd’hui orphelins, alors qu’ils doivent enfin être assumés et purgés !
– Un seul « Maitre à bord » serait enfin désigné pour le pilotage des finances publiques, pour sortir de la situation absurde actuelle dans laquelle celui qui a la charge du cadrage d’ensemble ne maitrise aucune des deux composantes essentielles que sont la sécurité sociale et les collectivités locales.
– Enfin la France s’inspirerait de l’excellent modèle canadien avec le « Conseil du Trésor » qui a explicitement pour objectif d’agir sous mandat du Premier Ministre pour la mise en oeuvre de la politique financière : Le Premier Ministre fixant les objectifs stratégiques et le « Conseil du Trésor » les mettant en oeuvre en préparant les arbitrages nécessaires.

Cette organisation gouvernementale est d’autant plus nécessaire que d’immenses chantiers transversaux très lourds sont à ouvrir à l’intersection des sphères budgétaires et sociales, comme les exonérations d’heures supplémentaires, le recentrage de la PPE et peut-être demain la retenue à la source qui posera la question du réseau collecteur entre les Impôts et les URSSAF.

Bref, les enjeux sont colossaux. Gageons que le contenu l’emportera sur l’emballage ! Le Parlement, dont les pouvoirs seront renforcés, se devra d’y veiller.