Trente années ininterrompues de déficits publics, parfois excessifs, n’ont semble-t-il pas encore totalement convaincu tout le monde que la dépense ne fécondait pas automatiquement et mécaniquement la croissance. A défaut notre PIB aurait déjà dépassé celui des USA. Les dérapages de dépenses budgétaires étant cependant passés de mode, tout au moins pour l’Etat, la pompe à dépense fiscale pourrait bien, si l’on n’y prenait garde, s’emballer. L’usage de l’outil fiscal, dans une optique de soutien conjoncturel est certes une pratique ancienne. Lorsqu’il n’est constaté ou anticipé aucun trou d’air ou de ralentissement économique, la question de son opportunité mérite d’être cependant posée. Surtout lorsque l’on croit à l’intérêt d’une forme de neutralité fiscale et à la nécessité de réduire les distorsions qui n’engendrent jamais les effets comportementaux attendus. Faut-il ajouter que le déficit engendré par une dépense fiscale est exactement le même que celui d’une dépense budgétaire ? La LOLF a essayé d’apporter un peu de calme et de raison dans ce paysage, obligeant à mettre en regard politique budgétaire et politique fiscale. Dans les programmes doivent désormais figurer expressément, au côté des dépenses budgétaires, le rappel des dépenses fiscales afférentes à chaque politique publique menée. Elle oblige ainsi à rattacher tout dispositif fiscal à un programme ministériel. Donc elle contraint à se poser des questions fondatrices sur les buts poursuivis. D’où la nécessité d’une évaluation solide tant à priori qu’a posteriori des dispositifs engagés. S’il est procédé ainsi, il pourra, par exemple, être mesuré si ces dispositifs, en débat actuellement, sont une vraie arme de construction massive ! A voir.