Un de mes plus proches amis m’a rendu visite la semaine passée pour me mettre en garde sur une dérive qu’il craint avoir décelée dans ma communication. Comme celle-ci se résume beaucoup à ce blog, l’idée m’est venue de vous faire participer à ma réflexion. En préambule, je tiens à dire que cet ami ne me veut que du bien et que ses remarques ne visaient qu’à me rendre service. Comme elles ne m’ont cependant pas totalement convaincu, partageons donc ensemble l’analyse. Deux aspects principaux motivaient son souci, celui de la communication proprement dite, et la réforme des institutions. Je propose de renvoyer ce sujet à la fin, car il me semble de nature exclusivement politique.

S’agissant de la communication, il a vu dans le blog une sorte d’instrumentalisation de ma famille. Il est vrai que j’ai filmé ma petite-fille (Pauline) pour apprendre à compter aux ministres (tâche immense que j’aurais volontiers confiée à un autre enfant, si j’en avais trouvé un disponible ce jour-là). Je me suis bien amusé et espère avoir amusé beaucoup de mes lecteurs. Je ne regrette surtout pas d’avoir manqué d’austérité, j’aimerais tellement pouvoir plus souvent faire rire et mériter la palme de l’humour! Par ailleurs, je crois faire attention à ne pas mélanger les blogs de mes enfants et de mon épouse, malgré quelques tentations inévitables. De toute façon, Dieu merci, la famille fait partie de la vie d’un homme politique!

J’aurais soi-disant dépassé les limites en publiant la vidéo de Gilles Carrez relative à la tenue des comptes publics. J’affirme que, contrairement à ce qui m’a été reproché, mes deux amis Gilles Carrez et Eric Woerth savaient parfaitement que je les filmais et qu’ils risquaient, si la prise était réussie, de se retrouver sur mon blog. La meilleure preuve que Gilles Carrez a bien assumé sa prise de risque, est qu’il m’a invité à déjeuner dès le lendemain à l’Assemblée Nationale et que nous avons enregistré une autre vidéo.

Les vidéos du Siècle ! On me reprocherait de les avoir réalisées. En fait j’ignorais totalement qu’elles n’y étaient pas autorisées, comme sans doute mes interviewés qui se sont prêtés de bonne grâce à mes questions. J’ai effectivement retiré ces vidéos dès que le règlement m’a été rappelé, ce qui a donné lieu à une belle polémique au sein de la blogosphère, mais pas la moindre au Siècle!

Il y eut évidemment mon adresse respectueuse mais virile au Président de la République. J’ai dit ce que je pensais tout haut, alors que beaucoup le pensaient tout bas. A l’honneur du Président, il ne s’en est pas ému plus que cela tout au long de l’entretien qu’il m’a accordé, quelques jours après, suite à cet épisode.

D’autres exemples ont été cités. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est la difficulté des citoyens à accepter que la vie publique entre dans la transparence.

Dans le respect de la Charte du présent blog (en date du 8 Octobre 2005 demeurée sans changement), j’essaie de pratiquer la pédagogie, l’humour, la variété des sujets, la tolérance, et principalement la transparence. Lorsque je me « plante », je le dis. S’il m’arrive de penser une chose le lundi et que l’on me démontre le contraire le vendredi, je le dis. Pourquoi vouloir entourer la vie politique d’une sorte de mystère et de majesté, et contribuer ainsi à sa si mauvaise réputation. Il me semble qu’elle ne retrouvera le respect qu’elle mérite que par la transparence et que celle des blogs représente un progrès dans la communication politique.

L’autre sujet était celui de la réforme des institutions. Je serai court, car, pour moi, la polémique est close. Je n’ai jamais voulu empêcher la réforme ! J’ai tout tenté pour essayer d’introduire dans la constitution une ouverture vers une loi organique permettant la consolidation de nos comptes publics. Je n’y suis pas parvenu. J’ai bien voté contre dans mon assemblée, le Sénat, et ce, après m’en être expliqué avec le Président de la République. Mais, au Congrès la majorité passe à 3/5ème. Ce qui requiert beaucoup plus de votes positifs. Dès lors, je n’avais plus qu’à revêtir mon costume de godillot et voter sans gloire, en essayant de me promettre, sans trop y croire, qu’on ne m’y reprendrait plus. Voilà comment cette question de mon vote à Versailles différent de celui au Luxembourg s’explique de façon purement mécanique, surtout quand le score final est d’une voix d’avance.

Voilà chers amis, la dure condition de bloggeur politique. Quoi qu’il fasse, un soupçon de naïveté ou de machiavélisme pèsera sur lui. C’est comme le péché originel. Personne ne peut nous en prémunir. Alors, il faut tranquillement l’accepter ainsi. Puis, comme le disait Vigny dans la mort du loup :

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.

…donc je me tais. A vous la parole!

Défoulez-vous, donnez vos avis, critiquez, ou au contraire nuancez. Bref, faites selon votre gré !