Bien qu’économiste, certains pans de la politique gouvernementale m’avaient jusqu’à présent échappé. En effet, depuis janvier 2008, le Gouvernement a institué 8 nouvelles taxes, et après celle imposant les revenus du patrimoine pour financer le RSA, voilà qu’on nous annonce une contribution des employeurs sur les sommes versées aux employés au titre de l’intéressement et de la participation, après, bien sûr, la taxation des complémentaires santé. Mais, la raison, c’est que cette politique là, elle est diablement subtile ….

En effet, fort des travaux qui ont montré que les déficits publics n’avaient jamais été résorbés par la hausse des impôts, fort également du constat sur ces dernières décennies de déficits croissants malgré la hausse de la pression fiscale, l’analyste que je suis en était arrivé à oublier que la France est une exception. Ce qui est vérifié ailleurs est invalidé chez nous. Et c’est ainsi formidablement bien pensé : cette contribution sur la participation ne touchera pas au pouvoir d’achat puisqu’elle sera supportée par les employeurs. Subtil, vous dis je ! Car c’est une spécificité française : il n’y a qu’ici que les prélèvements gonflant le coût du travail n’ont d’impact ni sur le pouvoir d’achat ni sur l’emploi. On savait déjà depuis Lionel Jospin qu’en travaillant moins, on pouvait être plus riche. C’est simple : demandons plus à l’impôt et moins au contribuable.

Et reconnaissons le ! L’Etat a besoin d’emprunter chaque année entre 100 et 150 milliards d’euros pour boucler son budget, qui lui sont prêtés pour presque les deux tiers par l’étranger : c’est bien la preuve qu’il inspire confiance, non ? D’ailleurs, nous restons parmi les pays les plus riches de la Communauté Européenne. Certes, il y a 20 ans, notre PIB par habitant était le 3eme de l’Europe à 15 ; il est aujourd’hui le 11eme. Donc, nous ne sommes pas les derniers !

C’est ce malheureux Alain Juppé qui n’avait rien compris non plus en 95. Songeons que s’il avait réussi ses réformes, plusieurs points de PIB auraient été économisés, et nous ne serions pas là à chercher de droite et de gauche, un milliard pour financer le RSA, un autre milliard pris sur l’intéressement pour la Sécurité Sociale, tant il est vrai que les 1000 milliards de dépenses publiques – parmi les plus élevées d’Europe – sont judicieusement et efficacement utilisées en non travail, empilements de structures administratives et surcoûts publics de toute nature. Plusieurs points de PIB ! C’eût été plusieurs dizaines de milliards d’euros disponibles ! Mais cette abondance aurait été nuisible à la créativité et à l’innovation fiscales.

Aussi, je me propose d’aider le Gouvernement à tenir le rythme d’un impôt nouveau par mois. Pas question de remettre des taxes sur les voitures polluantes. Les Français n’ont pas joué le jeu et ont porté leurs achats sur des véhicules plus propres. Quelle honte, quel manque de civisme ! On pourrait par exemple taxer l’air que l’on respire, ce qui d’ailleurs rendrait possible de merveilleux raffinements comme les aime notre droit, selon la qualité de l’air, les lieux … On justifierait par la même occasion la forte croissance de notre fonction publique, double de celle de la population active. Jusqu’à présent, on a taxé le vice. Or nous connaissons tous des gens qui ne boivent pas d’alcool, ne fument pas et respectent scrupuleusement le code de la route. Quel scandale ! Quoi ? Pas un sou pour l’Etat ? Taxons aussi la vertu ! Autre idée : les Français ont la plus forte démographie d’Europe. Ceci dit, la décence m’empêche d’en dire plus dans cette page !

J’ai néanmoins bien compris qu’il faut décourager ce qui nous enrichit collectivement comme le travail, l’investissement ou la santé pour laisser filer ce qui nous détruit collectivement comme les retraites précoces, les régimes spéciaux, les monopoles publics et les administrations superfétatoires. Il y a donc une chose que nous n’aurons pas : un impôt sur les impôts.

A.B. Galiani.