La politique n’est pas l’art de vivre tout seul avec ses idées, mais au contraire de les faire partager et surtout de les faire aboutir.
L’ouragan de critiques qui s’est déchainé sur ce blog, suite à mon désistement, me semble ce soir totalement excessif et injuste. La démocratie ne sera jamais pour moi un prétexte pour me laisser insulter. En revanche, je suis absolument d’accord pour nous expliquer mutuellement, en nous respectant les uns les autres, pour éventuellement constater un désaccord à condition de savoir ensuite tourner les pages et revenir à l’essentiel.

S’il est exact que je peux prétendre avoir fait la meilleure campagne « extérieure » au Sénat à l’adresse directe des Français, sans doute n’ai-je pas perçu totalement l’évolution en profondeur des Sénateurs. La Haute Assemblée s’est politisée au fil des ans. Sans doute est-ce lié au changement de mode de scrutin. Mais encore plus certainement à la perspective pour les socialistes de l’emporter dans trois ans et à la nécessité pour eux de se compter et de prendre date. Désormais, les blocs politiques s’affrontent, comme à l’Assemblée Nationale. Personne n’osant disperser un seul suffrage de peur de faire perdre son camp, toute initiative indépendante des deux blocs en présence est vouée à l’échec. C’est pourquoi, pour la première fois dans l’histoire du Sénat, seuls deux candidats se sont affrontés dès le premier tour, assurant ainsi la victoire immédiate du mieux placé
Dès l’instant ou les deux principaux groupes politiques, l’UMP et le PS, ont décidé que la partie se jouerait bloc contre bloc au 1er tour, j’ai compris que ma candidature indépendante n’avait plus aucune chance d’aboutir. La mienne pas davantage que d’autres. C’est l’instant où il faut avoir la lucidité et le courage pour … oser renoncer !
J’ai donc immédiatement rencontré Gérard Larcher pour le convaincre de reprendre mes idées. Ce qu’il a accepté de faire pour l’essentiel. Qu’il s’agisse de l’équilibre des comptes publics, de la maison des collectivités locales et des élus locaux, de la réforme du paysage territorial, et du domptage de la législation européenne.
De quoi devrais-je m’excuser ? De n’avoir pas réussi à imposer ma personne ou mes idées ? Ma personne, je m’en moque. Mes idées, je les ai fait vivre, je les ai défendues et j’ai bien l’intention de veiller à ce qu’elles soient mises en application ! Des tâches importantes m’attendent dans mes domaines de compétences que sont les finances publiques ou les collectivités locales. Ce qui est à mes yeux bien plus important que l’apparat, le prestige, le nombre de voiture avec chauffeurs, la taille du bureau ou la surface de l’appartement de fonction et toutes les obligations de représentations mangeuses de temps et… épuisantes pour la santé!
Voilà ma manière d’apprécier les 15 jours qui viennent de s’écouler.
A tous mes amis, j’exprime ma gratitude pour le soutien enthousiaste qu’ils m’ont apporté. Qu’ils ne soient pas déçus, j’en sors, et le département de l’Orne avec moi, tellement plus fort qu’avant, sans rancoeur, ni rancune, ni regrets. Je remercie tous les media de m’avoir donné la parole. Ils m’ont permis de mettre en garde directement les Français sur les risques qu’ils courent de vivre au dépend de leurs enfants et petits-enfants. D’insister sur les risques pour la démocratie lorsque le Parlement obéit au doigt et à l’oeil de l’Exécutif. De signifier au Gouvernement que ce serait une erreur grave pour lui de vouloir réformer la paysage territorial sans laisser le Sénat débroussailler le sujet ni engager le dialogue préalable avec tous les élus locaux. Bref, j’ai pu faire de la vraie politique.

Demain, on change de sujet.