Le métier de journaliste n’est pas simple, celui de politique non plus. Les premiers préfèrent toujours noter ce qu’ils attendent que ce qu’ils entendent. Les seconds ne parviennent pas à comprendre que la communication politique est binaire ! C’est oui ou c’est non, on est pour ou on est contre ! Toute nuance porte en elle un soupçon d’insincérité. Pour illustrer ma pensée, je prends deux exemples issus de la rubrique « sept jours en politique » du Nouvel-Obs.

Dans le premier exemple, on me prête une intention que je n’ai pas, celle de vouloir remettre en cause le fameux « paquet fiscal ». Bien que dans un billet, j’ai expliqué le malentendu survenu avec Olivier Baccusat, journaliste au Parisien, cela n’a cessé d’être repris par Les Echos, Public-Sénat, par Karl Zéro (devant lequel je me suis pourtant expliqué) et maintenant par l’Obs. Rien n’y fait. En réalité, depuis le 1er jour, j’ai dit tout le bien que je pensais des heures supplémentaires, et mes doutes sur la configuration du dispositif « droits de succession et intérêts d’emprunt ». Mais c’est voté, on ne va donc pas revenir dessus.
Dans le second exemple, celui d’une présumée colère du Premier Ministre (que j’aime beaucoup cependant) affirmant « Nous n’avons pas changé de République ». Là, je pense qu’il a tort ! La dernière réforme votée fin juillet à Versailles visait clairement à rééquilibrer les droits du Parlement par rapport à ceux du Président de la République et du Gouvernement. Si ce dernier ne l’a pas compris ainsi, il s’agit alors d’une grave méprise. J’aurais bien aimé qu’on me prête cette fois le mérite de contester cette interprétation de l’Exécutif. J’ai même fondé toute ma communication lors de l’élection à la Présidence du Sénat sur la nécessité de placer le Parlement sur un pied d’égalité avec l’Exécutif. Et même de soustraire le Sénat au fait majoritaire. Là où j’aurais aimé que l’on me place en tête de la contestation. Il n’en est rien !
Comme quoi, en matière de communication, j’ai de nombreux progrès à faire. Je reçois des compliments là où je n’en mérite pas. Et on m’oublie là où j’avais eu le sentiment de faire oeuvre utile. Décidément, le monde est compliqué !
Cela étant, l’Obs m’a toujours bien traité et j’aime bien ce journal.

Le nouvel Obs.

– LA BONNE IDEE DE LA SEMAINE :
Alain Lambert, sénateur UMP et ancien ministre du Budget, a une idée pour faire face à la crise: remettre en cause le paquet fiscal cher à Nicolas Sarkozy. « Pourquoi ne pas suspendre, pendant deux ou trois ans, les dispositions sur les allégements des droits de succession et de donation? Idem pour le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt immobilier », suggérait-il mardi dans « Le Parisien ». Pas sûr que l’Elysée apprécie l’idée…

– LE COUP DE GUEULE DE LA SEMAINE :
« Nous n’avons pas changé de République », a cru nécessaire de rappeler mercredi François Fillon devant les parlementaires de sa majorité. Certes « le Parlement doit être beaucoup plus associé aux travaux en amont du gouvernement », mais « on est encore dans un système politique dans lequel c’est le gouvernement qui fait les propositions », a lâché le Premier ministre. Une pierre dans le jardin de Jean-François Copé, le très ambitieux patron des députés UMP, partisan d’une « coproduction législative » dans tous les domaines.