La victoire a mille pères, mais la défaite est orpheline disait John F. Kennedy. StarTech-Médecine ne va donc pas manquer de revendications en paternité. Parce que c’est une belle victoire contre toutes les formes de résignation.

Elle est née dans mon esprit, il y a juste 3 ans, en 2016, lorsque ma conviction a été faite qu’il ne fallait surtout pas suivre les chemins administratifs ordinaires, balisés par des textes abscons, pour doter nos médecins d’équipements d’excellence. Ce n’est pas par hasard que l’Orne-Magazine du Printemps 2016 titrait sur « L’Orne aux petits soins de sa médecine ».

Pour me conseiller, j’avais recruté, dès janvier 2015, Raymond Henry, médecin-chef du SAMU d’Alençon atteint par la limite d’âge.

Nous avions commencé par le début : installer les jeunes internes dans une magnifique maison, en bord de Sarthe, afin qu’ils se sentent accueillis et qu’ils goûtent la qualité de vie d’une ville moyenne comme la nôtre. Nous facilitons également leur déplacement entre notre département et la Faculté de médecine.

Mais il nous fallait des locaux professionnels qui marquent une ambition. Dès juin, je demandais aux services du département de me dédier des anciens ateliers situés au fond du parc. Ils ne tardèrent pas à me convaincre qu’il valait mieux rester en bord de rue. Une opportunité se présenta avec le départ de la médecine du travail.

C’est alors qu’avec le nouveau doyen de la faculté de médecine de Caen Emmanuel Touzé, originaire de l’Orne, nait l’idée d’une Maison Universitaire de Santé (MSU). Elle commence à se formaliser sur le papier au cours de ce mois de juin pour l’articuler et alimenter les PSLA de la Communauté Urbaine d’Alençon. J’en annonce le projet à la soirée des étudiants en médecine qui se tient le 15 juin. Dans un élan d’enthousiasme, je conclus avec la célèbre formule « on l’a fait, parce que l’on ne savait pas que c’était impossible ! » Engagement confirmé par SMS dès le lendemain au Président des étudiants Florian Sevin. Dès le 8 juillet je présente le principe au G7 (Réunion de Président du CD et des Présidents de Commission) qui l’approuve unanimement.

Au mois d’août, je tombe gravement malade et je mesure combien la santé est fragile et combien la médecine est décisive pour nous sauver. 24 semaines de corticoïdes à haute dose m’épuisent mais démultiplient mon énergie, je n’y comprends rien, mais la médecine me dit que c’est normal. C’est le moment que choisit l’ancien directeur de l’hôpital pour pénaliser le SMUR. Mesurant mal mon état, je le vilipende à l’excès dans la presse. Comme il a le cuir solide, il ne m’en voudra pas.

Lors de la session du Conseil Départemental du 3 décembre 2016, je fais acter la décision de lancer l’opération et je l’annonce lors des vœux aux Maires de l’Orne début janvier 2017.

Dans l’impossibilité de me reposer à quelques centaines de mètres de mon bureau, nous décidons de partir à Singapour pour prendre du champ. Nous irons jusqu’en Australie auprès de nos enfants et petits-enfants. C’est là que je mesure, durant les fêtes de fin d’année, la nécessité de passer la main à la Présidence du Conseil Départemental dont les obligations protocolaires sont inutilement épuisantes. La transmission s’opère en mars 2017. Les cahiers de la transmission prévoient que je mènerai ce projet à son terme.

Quelques jours après le passage de témoins, le 30 mars 2017, j’ai la chance de recevoir la nouvelle Directrice Générale de l’Agence Régionale de Santé (ARS), Madame Christine Gardel et de pouvoir lui exposer mon projet. Nous sommes convenus d’un gentleman-agreement pour résoudre les problèmes qui tiennent à cœur à l’ARS (Home Moulinois-L ’Aigle) dès lors qu’elle nous aide dans notre projet (MSU).

Intimement convaincu qu’il ne faut surtout pas attendre les autorisations administratives pour lancer les travaux, ils sont lancés, en Octobre 2017.

Le 12 février 2018, lors d’une réunion organisée à la Maison des Internes, en présence du Doyen de la Faculté de médecine, sur le thème « Moment d’échange autour de l’exercice médical de demain » j’indique clairement qu’il est urgent de ne pas réfléchir à droit constant, qu’il faut trouver la bonne organisation médicale et que le droit suivra. Cela ne fait pas plaisir à tout le monde, mais mon expérience d’élu et de juriste m’a toujours enseigné qu’il faut d’abord décider clairement ce que l’on veut, et faire en sorte ensuite que le droit le permette. Trop souvent les acteurs font l’inverse et leurs projets s’éternisent.

C’est alors que nous décidons de confier à l’Association Pierre Noal, présidée par Michelle Lemaître la gestion de la future Maison de Santé (à vocation universitaire ultérieure) à raison de son expérience au titre des Centres de Santé qu’il administre déjà.

Le 8 mars 2018, dans la foulée, j’organise avec Ahamada Dibo Président de la Communauté Urbaine et Emmanuel Darcissac Maire d’Alençon, en présence de Joaquim Pueyo député de l’Orne une réunion des médecins à StarTech pour leur expliquer notre schéma et les assurer qu’il finira bien par trouver un cadre juridique approprié.

Le 14 juin 2018, je rencontre le Directeur de Cabinet de la Ministre de la Santé pour lui signaler l’urgence à autoriser l’ouverture, attendu l’avancement des travaux.

Les travaux sont effectivement achevés le 29 juin 2018, date à laquelle les Conseillers Départementaux visitent les lieux. J’en suis profondément heureux car j’apporte la preuve, comme Président du Conseil National des Normes, que le temps des chantiers est plus court que le temps des papiers ! 7 mois de chantier, 3 ans de papiers !

Le 13 septembre, dans un rapport au Premier Ministre sur les conclusions du rapport de Mission, menée avec le regretté Jean-Claude Boulard, sur la simplification administrative, je propose les solutions juridiques permettant de lever les derniers obstacles juridiques qui pourraient être opposés à notre projet.

Le 29 septembre, la Directrice Générale de l’ARS me confirme qu’elle est en état d’établir la faisabilité administrative du projet, le 4 octobre nous élaborons ensemble les bases de l’accord.

Cette Maison est le dernier projet de ma vie publique qui a commencé, il y a 35 ans. La seule chose qui aura toujours compté pour moi, c’est l’intérêt de la population et du territoire. Et je sais gré à tous ceux qui m’ont aidé, et qui ont cru dans la parole que je leur avais donnée, que ce projet aboutirait ! Il sera un exemple en France.

Pour ma part, je le dédie aux patients qui auront témoigné de beaucoup de patience, et aux médecins qui se mettront à leur service.

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