La France, avec le Royaume uni, est un des rares gouvernements nationaux d’Europe, au fonctionnement unitaire, fondé sur une conception absolutiste du fait majoritaire, attribué par ignorance au Général de Gaulle qui gouverna la France grâce à une coalition de 1958 à 1962.

Le résultat du deuxième tour des législatives rend la création d’une coalition nécessaire puisqu’aucune alliance électorale ne peut revendiquer une majorité absolue. Que l’on s’en réjouisse ou que l’on s’en désole, le résultat est là, et notre devoir commun est d’essayer d’en faire une opportunité plutôt qu’une impasse.

La coalition n’est, en réalité, pas l’épouvantail que l’on s’imagine. Elle est un classique de la vie politique et peut même avoir certaines vertus. Son étymologie signifie d’ailleurs « grandir ensemble », ce qui devrait éviter toute connotation péjorative, comme nous en avons trop l’habitude en France.

Notre intérêt serait davantage de réfléchir posément aux causes qui conduisent à la formation d’un gouvernement de coalition ainsi qu’aux moyens d’en faire un gouvernement optimal malgré les différences de sensibilités politiques : que ce soit en termes de taille, de composition, de programme politique, de compatibilité d’idéologie des acteurs et de juste répartition des responsabilités gouvernementales. Une telle démarche pourrait nous éviter une aventure éphémère ou inorganisée, provisoire, occasionnelle ou spéculative. Une coalition durable et pourvue d’une solide armature serait bien préférable. Il est donc important que la construction soit robuste et évite des changements artificiels et surtout s’épargner toute précipitation.

A la vérité, l’identification des défis à relever ne devrait pas rendre l’exercice difficile, ils s’imposent à nous comme des exigences plus que des choix. Réussir la transition climatique, numérique, alimentaire. Protéger la santé. Rétablir la paix. Repenser note système de formation. Assurer la soutenabilité de notre économie et de nos finances publiques.

Certes, il existe des pistes différentes pour atteindre ces objectifs, mais aucune distance idéologique irrémédiable entre les partis de gouvernement ne semble pouvoir les empêcher de trouver un consensus historique pour faire face à une situation politique et économique inédite et dangereuse.

Le discrédit qui pèse aujourd’hui sur les partis devrait les faire réfléchir à la chance qui leur est offerte de montrer que leur engagement est au service de la France et des Français, et non l’inverse. Ils pourraient ainsi redonner vie et force à notre démocratie. Reconstruire nos institutions. Mieux les respecter. Dominer leur égocentrisme et choisir de remplir enfin leur office.

Ensemble, les anciens partis dominants de la vie politique, LR et PS, pourraient saisir l’occasion de renaître de leurs cendres en constituant avec « Ensemble » une coalition parlementaire suffisamment large, robuste et expérimentée pour traverser ce quinquennat plein d’embûches.

Mesdames et Messieurs les parlementaires pensez à votre mission et à sa grandeur avant de penser à votre parti ou votre Groupe.

                                                                                         Alain Lambert

                                                                                         ancien Ministre

A la découverte d’une coalition vertueuse

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