Jean, je te parle au présent, car tu es toujours parmi nous, vivant par l’exemple que tu nous lègues et par la lumière que tu continues d’émettre pour éclairer notre chemin, afin de poursuivre les innombrables œuvres que tu as réalisées avec nous, où que nous soyons, et qui que nous soyons.

Parmi les enseignements que tu nous laisses, le premier est l’humilité. Cette vertu qui donne à chacun, quelle que soit sa naissance, l’espoir d’atteindre les plus hautes marches de l’échelle sociale. À condition qu’il n’oublie jamais d’où il vient. Et qu’il sache toujours regarder derrière lui, pour tendre la main à ceux qui peinent à suivre. Tu savais réconforter ceux qui ne voyaient que leurs insuffisances ou leurs faiblesses et réveiller d’un œil rieur ceux qui savouraient trop facilement leurs propres mérites. Tu maîtrisais l’art de faire harmonieusement cohabiter des improbables rencontres.

L’humilité est indissociable de tes origines rurales, montagnardes et professionnelles. De l’agriculture au Sénat, en passant par le tourisme, tu nous apprenais à ne pas inventer des hiérarchies stériles et inutiles. Chaque métier, chaque engagement, chaque fonction, ne valent que par ce que l’on en fait.

Puis il y a évidemment l’engagement, univers où nous nous sommes rencontrés et fraternellement aimés. Nos origines démocrates chrétiennes, jamais majoritaires dans le pays, nous faisaient regarder la politique avec foi mais aussi prudence afin d’éviter les déceptions. Tu n’y conserves que des amis. De toutes les sensibilités. Car l’humanité qui habite chacun de ses acteurs est tellement plus riche que l’image collective trop souvent dégradée qu’ils donnent. Le Président du Sénat et le Président de l’Amicale te rendront l’hommage qui te revient. Mon témoignage porte sur les sentiments du petit cercle que tu animais, regroupant d’anciens collègues, issus de tous les bancs, et avec lesquels tu partageais la lucidité d’un regard bienveillant mais parfois exigeant et donc nécessairement indulgent.

Comment oublier les voyages que tu organisais pour affermir la cohésion du Groupe de l’Union centriste, afin de concilier des idées et des origines parfois bien différentes. J’y ai puisé la substance riche de chaque personnalité qui, éloignée de l’hémicycle, redevenait elle-même. On ne te remerciera jamais assez d’avoir permis aux nouveaux arrivants de se sentir accueillis dans une famille, si rare dans cet univers.

Ton départ nous assomme. Mais tu ne tolèrerais pas que le désespoir nous emporte. Tu aimais la vie, tu nous la faisais aimer, et tu nous la rendais douce et chaleureuse. Nous poursuivrons, par la pensée, ensemble, au rythme de nos âges, la marche de vie que nous partagions avec toi, vers le royaume à la porte duquel tu es appelé, en attendant de t’y rejoindre, méditant les valeurs que tu nous as enseignées, l’humilité, la fidélité à ses valeurs, ses amis, son territoire. Et la foi dans l’amitié.