Pour ceux, parlementaires, experts, journalistes qui doutaient encore que l’exercice politique le plus délicat pour les candidats à la présidence de la République, en ce compris le Président en exercice, serait la présentation d’un programme de stabilité des finances publiques, l’actualité tranche enfin le sujet !

Pour la 1ère fois depuis plus de 20 ans, le Gouvernement et le Ministère des Finances renoncent à le présenter le 15 avril prochain, comme ils en ont l’obligation en vertu des traités européens. On peut comprendre leur embarras quand on considère la détérioration de nos finances avant la pandémie, le cout de celle-ci, et les conséquences de la guerre en Ukraine. Mais s’ils sont embarrassés d’engager la parole de la France, aucun candidat ne devrait quant à lui (ou elle) être dispensé de présenter un programme afin d’informer tous les Français de ce qu’il envisage de faire selon les principales hypothèses actuellement sur la table. A noter que lors des précédentes élections présidentielles les programmes de stabilité ont toujours été publiés, même à quelques jours du scrutin présidentiel.

L’exigence de cette transparence n’est pas qu’une affaire des spécialistes économiques et financiers mais une question vitale de démocratie. Les candidats rivalisent d’imagination pour nous promettre un futur idéal, selon un chiffrage qui leur est propre et dont personne ne parvient vraiment à comprendre le réalisme, alors que l’obligation qui leur serait faite de traduire ce chiffrage dans le format du programme de stabilité permettrait une vraie comparaison des effets attendus de leurs promesses en matière de croissance, d’impôts, de dépenses publiques, de déficit et de dette sur la durée du mandat.

S’il n’existe actuellement aucune obligation légale en la matière, laquelle vaudrait pourtant tout autant que les parrainages si contestés, on pourrait imaginer que la presse économique et financière convienne de demander à chaque candidat de convertir son programme, selon ce format, à l’effet d’ouvrir des débats concrets sur la soutenabilité de leurs prévisions.

Comme nous nous y sommes toujours attachés depuis 2012, nous prenons le risque de proposer des scénarios martyrs afin d’ouvrir la discussion. Nous nous sommes obligés, comme c’est nécessaire en démocratie, à présenter les tableaux, non seulement en ratios de PIB mais également en milliards d’euros. Un premier scénario traduit les évolutions telles qu’elles résultent des dernières prévisions publiées par les institutions spécialisées. Un second observe ce que produirait comme effet avec une stabilisation en valeur des dépenses publiques sur la base 2023. Et un 3ème envisage la création d’un cantonnement de la dette évoquée par certains candidats. Il en résulte que le déficit ne commence à se réduire qu’en 2028, que jusqu’à la même époque la dette ne cesse croitre pour rester à plus de 115% du PIB. S’agissant d’un éventuel cantonnement, il ne résout rien quant à la dynamique de la dette, d’autant que rien n’est prévu pour son amortissement.

Cet exercice a le grand mérite d’illustrer l’absence de marges de manœuvre et la grande nécessité qu’il y aurait à consacrer tout le prochain quinquennat au redressement de notre situation, en réunissant une coalition aussi large que possible afin que les efforts à fournir soient soutenus par un fort et large consensus politique.

Nous sommes totalement conscients du caractère approximatif de notre exercice qui mériterait d’être élaboré à partir de données statistiques plus documentées, mais nous revendiquons son utilité démocratique pour servir de support au débat public.

La transparence pour tous, telle est l’objet de cette démarche.

 

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Programme martyr de stabilité 2019_2028 et projections graphiques